Deuxième acte

Publié le 26 mai 2008 Lecture : 2 minutes.

« Je dois reconnaître qu’au lendemain de mon élection je ne connaissais pas la réalité de mon pays aussi bien qu’aujourd’hui », a déclaré Sidi Ould Cheikh Abdallahi, dans une interview qu’il nous a accordée au début du mois de mai (voir J.A. n° 2469). Un aveu assez rare pour un chef d’État africain. Le nouvel homme fort de Nouakchott, élu démocratiquement en mars 2007 avec 52,85 % des suffrages, incarnait un changement auquel les Mauritaniens ne croyaient plus. Le « putsch de velours », qui, le 3 août 2005, mit fin au règne de Maaouiya Ould Taya, a tout changé pour ce peuple exsangue et meurtri par les années de dictature. Les promesses tenues par Ely Ould Mohamed Vall et les membres du CMJD, qui ont conduit une transition exemplaire sur le continent, l’arrivée d’un démocrate au pouvoir, l’installation d’une équipe de technocrates et d’experts au gouvernement (donc de personnes compétentes et peu susceptibles de se prêter aux chicaneries politiciennes en usage jusqu’ici), la fin de la censure exercée sur la presse et l’instauration d’une justice indépendante, ont constitué autant de signaux positifs et créé un climat d’euphorie. Las, cette dernière aura été de courte durée. Car « Sidi » et son équipe ont vite été confrontés à de forts vents contraires. Une vraie tempête, à vrai dire : crise alimentaire, multiplication des actes terroristes, annulation du Rallye Dakar, flambée des cours du brut conjuguée à une dramatique baisse de la production nationale et, surtout, mécontentement d’une population qui ne pouvait décemment se serrer davantage la ceinture. Principal reproche exprimé : la faiblesse du nouveau pouvoir. Forcément, en comparaison d’Ould TayaÂ
Plus d’un an après son élection, « Sidi » a retenu la leçon : la démocratie – que pourtant tant d’Africains appellent de leurs voeux – ne suffit pas, dans un pays où la majeure partie des habitants peine à joindre les deux bouts. Exit donc son Premier ministre Zeine Ould Zeidane. Le nouveau gouvernement ? Beaucoup plus politique et dominé par le Pacte national pour la démocratie et le développement (PNDD), parti de la majorité présidentielle. Visiblement, le chef de l’État a pris la mesure de son pays et des difficultés inhérentes à sa gestion en s’entourant d’un savant mélange de vieux briscards, de jeunes loups aux dents longues et d’opposants. L’an II a commencé. Les Mauritaniens sont impatients.

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