Ahmed Tidiane Souaré, un fidèle à la Primature

Lansana Kouyaté a été démis de ses fonctions de chef du gouvernement par Lansana Conté. Ses éternelles bisbilles avec l’entourage du chef de l’État, notamment l’influent homme d’affaires Mamadou Sylla, n’y sont sans doute pas étrangères.

Publié le 26 mai 2008 Lecture : 2 minutes.

« Je vais entretenir avec Lansana Conté des relations classiques entre un président de la République et son Premier ministre. En me nommant, il m’a transmis une partie de ses prérogatives. Je vais les exercer avec le seul souci d’accomplir correctement la mission qu’il m’a confiée », explique Ahmed Tidiane Souaré. Quid des syndicats, qui avaient imposé à son prédécesseur une « feuille de route », après avoir réussi à arracher un « gouvernement de consensus » au chef de l’État ? « J’aurai avec eux des rapports normaux, dans le cadre des lois et règlements de notre pays. » Tout est dit dans ces deux répliques du nouveau Premier ministre guinéen.
Ce pur produit du régime Conté entend favoriser le « retour à l’ordre constitutionnel » après la période d’exception ouverte au lendemain de la révolte populaire de janvier-février 2007. Modéré, réputé compétent mais fidèle au chef de l’État, ce Diakhanké de culture pulaar est né il y a cinquante-sept ans à Mali Yimbéring, au coeur du Foutah, le pays peul guinéen. Nul doute qu’il usera de patience pour s’assurer la collaboration de son mentor. Et qu’il ne fera rien de nature à le contrarier. Les deux hommes se connaissent fort bien : ils étaient ensemble, à la fin des années 1970, à Boké, où Souaré était doyen de la faculté des mines et géologie, tandis que le colonel Conté dirigeait la zone militaire.
Arrivé au pouvoir en avril 1984, à la faveur d’un coup d’État, ce dernier envoie Souaré faire un doctorat au Maroc. À son retour, en 1988, il le nomme coordonnateur du bureau d’évaluation, de contrôle et de suivi de la présidence, la structure qui reçoit les rapports des ministères et des ambassades, formule des observations à l’intention du président et lui soumet des études techniques.
Par la suite, Souaré étudiera à Paris, à l’Institut international d’administration publique (1997-1998), avant de suivre des cours de management, d’économie et de finances aux États-Unis (1999). De retour en Guinée, un an plus tard, il est nommé chef de cabinet du ministre des Finances, Ibrahima Kassory Fofana, puis de son successeur, Cheick Ahmadou Camara.
Entré en mars 2005 dans le gouvernement de Cellou Dalein Diallo, son ami depuis les années de lycée, à Labé, en tant que ministre des Mines, il passe après le départ de ce dernier, en avril 2006, à l’Enseignement supérieur et à la Recherche scientifique. La révolte populaire du début de 2007 ayant balayé l’équipe à laquelle il appartenait, Ahmed Tidiane Souaré prend donc, quatorze mois plus tard, une belle revanche.
Arrivé aux affaires au terme d’une guéguerre de plusieurs mois entre l’entourage présidentiel et Lansana Kouyaté, son prédécesseur, il va faire revenir au gouvernement un certain nombre de proches de Conté qui en avaient été exclus. Mais également l’ouvrir à l’opposition, convaincu que « c’est la seule façon de stabiliser notre pays pour enfin s’attaquer à ses nombreux problèmes ». Réussira-t-il à convaincre le chef de l’État, qui y est d’ordinaire hostile, de cautionner cette ouverture ?

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