Zoubida Charrouf
L’universitaire marocaine consacre sa vie à la sauvegarde d’un arbre : l’arganier.
Publié le 26 avril 2004 Lecture : 1 minute.
Tous les chimistes n’ont pas en permanence l’il rivé à leur microscope. Zoubida Charrouf en est la preuve. Cette enseignante à la faculté des sciences de Rabat a transformé sa passion pour l’arganier un arbre auquel, en 1991, elle a consacré une thèse universitaire en une formidable aventure humaine. Pourquoi l’arganier ? « Parce que, explique-t-elle, cet arbre, qui ne pousse qu’au Maroc, constitue le dernier rideau vert face à l’avancée du désert et joue un rôle économique et social important. »
Seul problème : il était menacé de disparition, les habitants des régions (pauvres) où il pousse préférant cultiver tomates ou bananes, plus rentables. Pour assurer la préservation de l’espèce, Zoubida Charrouf a donc eu une l’idée de créer un système de coopératives. La première a vu le jour en 1996 à Tamanar, dans la région d’Essaouira. Aujourd’hui, le « réseau Targanine » compte cinq coopératives de production d’huile d’argane et trente autres de concassage du fruit. Il emploie, au total, mille trois cents personnes, des femmes exclusivement. « Quand j’ai lancé ce projet, les hommes étaient réticents à l’idée que leurs femmes se mettent à travailler. Depuis qu’elles ramènent un salaire à la maison, ce sont eux qui viennent me solliciter », explique le Pr Charrouf.
Aujourd’hui, notre chimiste parcourt le monde pour faire connaître l’arganier et milite pour une réorganisation de la filière. L’objectif est d’obtenir pour l’huile d’argane le label AOC (Appellation d’origine contrôlée), ce qui, bien sûr, augmenterait sa valeur et fournirait du travail à près de un million de personnes. Louable combat qui a valu à Zoubida Charrouf d’être nominée par le comité Khmissa 2004, qui récompense cinq Marocaines pour leur contribution à l’action sociale et au développement de leur pays.
