Une impression de déjà-vu

Publié le 26 avril 2004 Lecture : 2 minutes.

Le président Abdoulaye Wade a encore surpris son monde, le 22 avril. Après une gestation longue et douloureuse, sur fond de ruptures et de surenchères (voir pp. 59-60), le sixième gouvernement après l’alternance de 2000 ressemble à s’y méprendre à l’équipe précédente, la quasi-totalité des ministres sortants ayant été reconduits. Une impression de déjà-vu renforcée par le retour de quelques grosses pointures des précédents gouvernements Wade (Lamine Bâ, Joseph N’dong, Cheikh Sadibou Fall…).

Modou Diagne Fada, démissionnaire depuis le 20 avril, et son « compère » Aliou Sow, qui a menacé de l’imiter, ont fini par conserver leurs portefeuilles respectifs de l’Environnement et de la Jeunesse. Si le premier est resté, c’est parce que le chef de l’État ne pouvait se débarrasser sans risque politique d’un responsable de longue date de la jeunesse de son parti, de surcroît protégé de la puissante confrérie mouride. Quant au second, coupable d’avoir suscité, le 20 avril, une réunion houleuse de l’UJTL, le mouvement de jeunesse du parti présidentiel, au cours de laquelle des propos peu amènes ont été tenus à l’endroit de Wade et des « conspirateurs du palais », il a été maintenu à la faveur des tractations de dernière minute. Dans la matinée du 22 avril, alors que les consultations se poursuivaient dans le bureau de Macky Sall, le tout nouveau Premier ministre, Sow a été reçu au palais par le maître des lieux. Pour se faire sermonner ? Ou pour une séance d’explication entre « le père » et l’un de ses « fils » ? À l’arrivée, le remaniement qui a tenu le Sénégal en haleine pendant plusieurs semaines s’est quasiment limité au départ du chef du gouvernement Idrissa Seck. Un départ synonyme cependant de triomphe du « camp présidentiel », reflété notamment par la nomination à la tête du ministère délégué chargé de la Solidarité nationale de Farba Senghor, conseiller de Wade et adversaire déclaré de Seck, mais aussi par celle de Djibo Kâ, l’homme par qui le « scandale » est arrivé.

la suite après cette publicité

Le leader de l’Union pour le renouveau démocratique (URD), bruyamment rejeté par de nombreuses factions du parti présidentiel, a quitté le Cadre permanent de concertation de l’opposition (CPC) pour un portefeuille à l’intitulé pour le moins insolite : ministre d’État, ministre de l’Économie maritime. Avec 39 membres, dont 6 ministres d’État et 6 ministres délégués, la nouvelle équipe est l’une des plus pléthoriques de toute l’histoire du Sénégal. Formée dans le souci de respecter les équilibres politiques, régionaux et religieux, cette cordée (qui a inventé des départements originaux comme le ministère du Nepad et de la Politique de bonne gouvernance, ou celui des Questions pédagogiques) apparaît comme une machine de combat, dans la perspective des élections législatives et présidentielle de 2006 et 2007. Mais l’affrontement pourrait bien s’engager avant ces échéances. Notamment au sein du parti présidentiel entre les pro-Wade et les pro-Seck.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires