Éteignez vos portables !

Publié le 26 avril 2004 Lecture : 1 minute.

Après son indépendance, en mai 1993, l’Érythrée semblait montrer l’exemple au continent africain : une Constitution progressiste, une corruption jugulée, un président, Issayas Afewerki, porteur de nombreux espoirs… Las ! Dix ans plus tard, les dirigeants de ce petit pays de la Corne de l’Afrique viennent une fois de plus d’apporter la preuve qu’ils ont décidé de tourner le dos à la démocratie. Dernier avatar en date d’une politique de plus en plus répressive : trois semaines après avoir autorisé les téléphones cellulaires, le gouvernement a limité leur utilisation aux seuls ministres, diplomates et organisations humanitaires préalablement sélectionnées. Sans doute Afewerki a-t-il eu peur d’ouvrir la boîte de Pandore. En Ouganda, où l’on compte 500 000 mobiles, contre 60 000 lignes fixes, ou au Kenya (2 millions, contre 340 000), la multiplication des téléphones portables contribue à une meilleure circulation de l’information et à des progrès démocratiques. Les dictatures n’apprécient guère.
Comme le souligne Reporters sans frontières (www.rsf.org), l’Érythrée est devenue le pays d’Afrique subsaharienne où la situation de la liberté de la presse est le plus inquiétante : « La presse privée n’existe plus et les journalistes qui n’ont pas réussi à fuir sont en prison ou réfugiés dans la clandestinité. » « Les journalistes emprisonnés sont des traîtres », selon les autorités qui en détiennent quatorze, au secret, menacés de la peine capitale. Utilisant comme prétexte une guerre avec le voisin éthiopien et des risques d’espionnage, Asmara ne cesse de durcir la répression. Non content d’avoir écroué onze membres du gouvernement (le « G-11 ») qui avaient osé demander, en 2001, des réformes démocratiques, l’ancienne colonie italienne refuse désormais les visas de sortie à ses ressortissants âgés de moins de 30 ans et a prolongé les dix-huit mois de service militaire… pour une durée indéterminée. Quant à la présidentielle, qui devait se tenir il y a trois ans, elle n’a toujours pas eu lieu. Aujourd’hui, 4 millions d’Érythréens sont coupés du monde.

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