Pour en finir avec la pauvreté

Publié le 26 avril 2004 Lecture : 3 minutes.

Donnez un poisson à un homme et il aura de quoi manger pour un jour ; apprenez-lui à pêcher et il aura de quoi manger toute sa vie. L’adage est certes bien galvaudé. Mais comment échapper à la tentation de le rappeler dans un pays comme la Mauritanie, dont la façade maritime regorge de ressources halieutiques. Environ une personne sur deux vit en dessous du seuil de pauvreté de 67 316 ouguiyas par an (environ 200 euros), le minimum vital pour qu’un individu puisse satisfaire ses besoins de base. Entre 1996 et 2000, la pauvreté en Mauritanie a certes reculé de 4 points, passant de 50 % à 46 %. Un résultat honorable, qui montre que les pays créanciers ont eu raison d’exiger que les ressources disponibles résultant de la réduction de la dette soient affectées à la lutte contre la misère. Mais c’est encore largement insuffisant. Le taux moyen de 46 % cache aussi de grandes disparités entre zones rurales et urbaines. D’autre part, la Banque africaine de développement (BAD) souligne l’importance du taux d’analphabétisme, qui est de 40 %, la faible qualité de l’éducation et les disparités entre sexes et entre régions. En outre, les taux de morbidité et de mortalité infantile sont élevés, et l’accès aux services de base est limité, particulièrement pour l’eau potable et l’assainissement. Ce constat est préoccupant au regard du taux de croissance démographique élevé de 2,7 % par an.

Ce qui est rassurant, c’est que les institutions nécessaires pour mener la lutte contre la pauvreté ont été mises en place, et que les actions ont commencé sur le terrain. Ce qui l’est encore plus, c’est que le gouvernement sait ce qui lui reste à faire pour la vaincre. Il suffit de jeter un coup d’oeil sur son programme pour 2004 et les années qui suivront, élaboré avec le soutien de pays amis et d’institutions internationales, pour s’en persuader. La plupart des initiatives sont destinées à renforcer les infrastructures pour les services de base (eau, éducation, santé, électricité) et à donner aux Mauritaniens les moyens de conduire des activités leur procurant des sources de revenus permanentes. On citera par exemple les programmes multisectoriels de proximité spécialement conçus pour la lutte contre la pauvreté en milieu rural, et notamment dans les régions pluviales et oasiennes, où il est possible de faire une extension des surfaces agricoles aménagées. Et aussi la construction de barrages et d’ouvrages de retenue d’eau ; la relance des activités agricoles ; la transformation de la zone du fleuve Sénégal en complexe agroalimentaire ; la priorité à l’accroissement du cheptel ; les forages de puits dans les zones pastorales ; la lutte contre la désertification. Et enfin l’exploitation optimale, la protection et la gestion rationnelle des ressources halieutiques, ainsi que la formation des jeunes pêcheurs.

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Joli programme ? Oui, du moins sur le papier. On peut se demander s’il est réalisable et s’il permettra d’atteindre les « objectifs du millénaire » : réduire de moitié le taux de pauvreté, en le ramenant en dessous de 25 % en 2015. C’est difficile quand on sait que les capacités de l’administration à accélérer le rythme des opérations sont plutôt réduites. D’autant que des « féodalités » nationales ou locales, pour utile que soit leur rôle traditionnel, ont pris l’exécrable habitude de croire que les budgets qui sont alloués à leurs régions sont des récompenses de leur allégeance politique et qu’elles peuvent en disposer comme bon leur semble.
Il y a cependant des chances que de grands pas soient faits si le programme de lutte contre la pauvreté reçoit le soutien de contre-pouvoirs locaux comme les associations représentant la société civile, et dont le rôle serait d’améliorer la transparence dans la juste allocation des ressources et la gestion.

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