Côte d’Ivoire : Guillaume Soro s’invite dans la crise du Plateau pour soutenir Jacques Ehouo
Alors que la bataille bat son plein autour du contrôle de la commune du Plateau, mise sous tutelle préfectorale, Guillaume Soro a apporté son soutien à Jacques Ehouo, vainqueur des élections municipales qui a été inculpé pour « détournements de deniers publics ».
Sa position était scrutée depuis le début de l’affaire. Dimanche, au terme d’une visite de « fraternité et de solidarité » au député Jacques Ehouo, tête de liste élue de la commune du Plateau, à Abidjan, Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale – issu du Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel) -, a apporté son soutien à son « collègue » du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, d’Henri Konan Bédié).
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Mise sous tutelle préfectorale le 1er janvier 2019, à l’instar de quatre autres communes où les conseils municipaux n’ont pu siéger avant le 31 décembre 2018, la commune du Plateau est au centre d’une crise politique. Jacques Ehouo, à la tête d’une liste conduite par le PDCI, a été le grand vainqueur des élections municipales a été inculpé par le procureur du tribunal du Plateau « pour les faits de détournement de deniers publics, faux et usage de faux, et blanchiment de capitaux ».
Je suis là au nom de l’Assemblée nationale, pour dire qu’il n’est pas bon de donner le sentiment d’un harcèlement
Les premiers mots prononcés par Guillaume Soro à l’endroit de Jacques Ehouo, sont sans ambiguïté. « Il a le soutien du président de l’Assemblée nationale. Et je crois que tous les députés comprennent que quand un député est en difficulté, il y a la nécessité de la solidarité pour l’institution elle-même », a-t-il déclaré entouré de députés de diverses obédiences politiques, notamment du PDCI.
Tout en insistant sur le fait qu’« il n’est pas question de nous dérober ni à la justice, ni à nos responsabilités », dans une allusion aux accusations de détournements de fonds dont est accusé Jacques Ehouo, Soro a lancé : « Je suis là au nom de l’Assemblée nationale, pour dire qu’il n’est pas bon de donner le sentiment d’un harcèlement. »
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Soro « pas opposé à une procédure », selon une source au parquet
Une position qui fait écho à celle des avocats de l’accusé, qui parlent de « cabale politique » en vue d’éliminer un maire élu face à un candidat du pouvoir, en l’occurrence le publicitaire Fabrice Sawegnon, proche du couple présidentiel.
« Nous avons demandé les pièces qui sous-tendaient l’accusation de détournement de 5 milliards FCFA. On ne nous les a jamais présentées », affirme à Jeune Afrique Me Tompieu Nicolas Messan, l’un des avocats d’Ehouo.
Pour le moment, les autorités n’ont fait aucun commentaire sur la sortie de Guillaume Soro. Selon une source proche du parquet contactée par Jeune Afrique, cependant, le président de l’Assemblée nationale n’est pas opposé à une poursuite de la procédure. « Soro a déclaré que les députés allaient se réunir pour se prononcer. Cela est tout à fait conforme à la volonté du procureur Richard Adou », affirme notre source.
De fait, vendredi, le procureur de la République Richard Adou a saisi le bureau de l’Assemblée nationale d’une requête aux fins d’être autorisé à procéder à l’arrestation de Jacques Ehouo. Cette requête pourrait être analysée par les députés qui devraient être convoqués en plénière dans les prochains jours. Le bureau de l’Assemblée nationale a d’ores et déjà demandé au procureur de suspendre les poursuites, conformément à la Constitution. Une requête jugée irrecevable par celui-ci.
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