L’échec du « putsch des généraux », à Alger

Publié le 26 avril 2004 Lecture : 3 minutes.

Dans une ambiance crépusculaire, le rideau tombe sur le « putsch des généraux ». Sur le Forum d’Alger, les chefs du soulèvement apparaissent pour la dernière fois en public. Un peu plus tôt dans l’après-midi, le général Maurice Challe a dépêché à Paris un émissaire, le colonel Georges de Boissieu, pour annoncer sa reddition. Il va bientôt gagner Zeralda, puis la France. Une cellule l’attend à la prison de la Santé. Les trois autres, les généraux André Zeller, Edmond Jouhaud et Raoul Salan, s’apprêtent à entrer dans la clandestinité. Un mois plus tard, ce dernier prendra même la tête de la sinistre et fascisante OAS, l’Organisation de l’armée secrète, accrochée à son rêve dérisoire et sanglant : l’Algérie française.
Tout a commencé trois jours auparavant. Le 22 avril, à 7 heures du matin, Challe lit sur les ondes de Radio Alger une déclaration dénonçant le « gouvernement d’abandon », celui du général de Gaulle, et annonçant que « l’armée s’est assurée le contrôle du territoire algéro-saharien ». Dans la nuit, les parachutistes du 1er REP, sous les ordres du commandant Élie Denoix de Saint-Marc, ont pris le contrôle de la ville et occupé les principaux lieux publics. Le commandant en chef des forces françaises en Algérie, le délégué général Jean Morin et un ministre de passage ont été arrêtés. Sur le terrain, les opérations sont dirigées par « un groupe d’officiers partisans, ambitieux et fanatiques » (de Gaulle dixit), les colonels Argoud, Garde, Godard, Lacheroy et quelques autres. On redoute un développement de l’insurrection en métropole.
À Paris, la réaction des autorités est à la mesure du danger. Le 23, au terme d’un Conseil des ministres extraordinaire, l’état d’urgence est proclamé. Les activistes les plus notoires sont placés en détention. Ce même jour, Salan débarque à Alger en provenance de Madrid. Quelques officiers supérieurs se rallient aux putschistes.
À 20 heures, le chef de l’État prononce une dramatique allocution télévisée. Il dénonce « l’aventure odieuse et stupide » de ce « quarteron de généraux en retraite », ordonne que « tous les moyens, je dis tous les moyens, soient employés pour barrer la route à ces hommes-là » et s’attribue les pleins pouvoirs en vertu de l’article 16 de la Constitution. Dans la nuit, Michel Debré, le Premier ministre, appelle les Français à gagner les aérodromes et à résister à un éventuel débarquement des parachutistes en métropole. Celui-ci n’aura pas lieu.
De l’autre côté de la Méditerranée, en effet, la situation est en train de basculer. Les soldats du contingent sont largement hostiles au putsch, et l’intervention du Général, qu’ils ont écoutée sur leurs transistors, les a renforcés dans leurs convictions. La hiérarchie militaire se montre circonspecte et la population pied-noire est tenue à l’écart. Plus grave encore, la marine et la majeure partie de l’aviation restent loyales au gouvernement ce qui interdit de facto toute opération aéroportée sur le territoire métropolitain.
Paralysés par leurs divisions, les factieux ont compris : il faudra davantage qu’un coup de bluff pour impressionner l’auteur de l’Appel du 18 juin. Les plus extrémistes vont poursuivre leur combat sans espoir par d’autres moyens. La litanie sanglante des attentats de l’OAS va bientôt commencer. Sans parvenir à empêcher l’inéluctable. Le 8 janvier, les Français s’étaient massivement prononcés, par référendum, pour « l’autodétermination » de l’Algérie. Des contacts ont eu lieu entre les autorités françaises et des représentants du Front de libération nationale. Les pourparlers d’Évian s’ouvriront officiellement le 31 mai et l’indépendance de l’ex-colonie sera proclamée le 5 juillet de l’année suivante.

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