De l’exploration à l’exploitation

Diamants, or, cuivre, titane, palladium… Le sous-sol regorge de richesses qui ne demandent qu’à être valorisées.

Publié le 26 avril 2004 Lecture : 5 minutes.

Effervescence au ministère des Mines et de l’Industrie : les fonctionnaires de l’institution quitteront prochainement le complexe décrépi qui abrite, au centre de Nouakchott, la primature et plusieurs autres ministères, pour un bâtiment neuf et mieux adapté non loin de là.
Composé de trois ailes en étoile, le nouveau siège qui sera prochainement inauguré comprend cent-vingt bureaux, assez pour accueillir les agents du ministère et de ses autres services (direction des Mines, cadastre, cartographie, etc.). Et recevoir dans les meilleures conditions les nombreux visiteurs locaux et étrangers : représentants de compagnies minières et pétrolières, de bailleurs de fonds, consultants, responsables de bureaux d’études… Ce bâtiment de trois étages ne lui était à vrai dire pas destiné, mais l’importance prise par le secteur minier est devenue telle que le président de la République en a décidé autrement. À la grande joie de son ministre, Zeidane Ould Hmeida, et du directeur des Mines, Wane Ibrahima Lemine. Ce ne sont pas encore les tours de la société malaise de pétrole, Petronas, à Kuala Lumpur (quatre-vingt-huit étages), mais les fonctionnaires mauritaniens se contenteront volontiers de cet immeuble !
Engagé depuis dix ans dans un effort important de relance des investissements, le ministère en récolte maintenant les premiers fruits : aujourd’hui le pétrole, et demain l’or, les diamants, le cuivre, le titane, le palladium…
« Nous avons simplifié les procédures au maximum, nous accordons la meilleure fiscalité possible et nous offrons le meilleur cadre juridique qui soit. Tout cela pour attirer les capitaux, explorer nos potentialités, créer des emplois et accroître nos revenus », confie Zeidane Ould Hmeida. La longue traversée du désert (1973-1994) appartient maintenant au passé : les gisements abandonnés en raison de la chute des cours des matières premières et du manque de fiabilité des données géologiques ont été repris ou sont sur le point de l’être.
Aidé par la Banque mondiale (33 millions de dollars entre 1999 et 2004) et des organisations spécialisées de cartographie (France, Royaume-Uni), le ministère a renforcé ses capacités institutionnelles et humaines, notamment à travers la mise en oeuvre d’un système d’information géologique et minière (Sigm) et d’un système d’information pour la gestion de l’environnement (Sige). Par ailleurs, le cadastre minier a été unifié. Une banque de données est désormais accessible, avec des cartes très détaillées des mines et des repères géographiques installés pour délimiter avec précision les périmètres de recherche (grâce au GPS). Des innovations qui permettront de mieux valoriser un secteur prometteur.
Bien que vieille de plus de trente ans, l’exploitation de la « montagne de fer » de Tiris, près de Zouérate, offre toujours de belles perspectives : au rythme de 12 millions de tonnes par an, les meilleurs gisements (60 % à 68 % de teneur en fer) ont encore une quinzaine d’années à vivre (185 millions de tonnes de réserves). D’autres sites, situés dans le même « bouclier de Reguibat », pourront prendre le relais, mais ils ne sont pas suffisamment attractifs (660 millions de tonnes, mais avec une teneur en fer moindre, entre 36 % et 40 %).
Le poids de la Société nationale mauritanienne industrielle et minière (Snim) est relativement important (11 % du Produit intérieur brut, 42 % des ressources en devises) pour ne pas risquer de déstabiliser l’économie. Le ministère s’est donc orienté vers une diversification géographique (700 000 km2 à explorer) et capitalistique : des joint-ventures (intérêts nationaux et étrangers) et des contrats de partage de production, selon les cas. Le code minier de 1999 et la loi complémentaire de 2002 sont assez souples pour attirer les investisseurs. Ces derniers n’ont d’ailleurs pas manqué de montrer leur intérêt depuis 1995 : Rio Tinto et Ashton (Australie), BHP-Billiton, Rex et First Quantum (Canada), DeBeers (Afrique du Sud)… Les recherches s’orientent tous azimuts : diamant, or, cuivre, titane, platine, palladium, granit, marbre, charbon, phosphate…
Le dernier permis de recherche en date a été attribué le 31 mars à Tasiast Mauritanie Ltd, un consortium (Canada, Australie, Émirats arabes unis) : il porte sur « les métaux précieux et autres substances connexes » dans la région de Tmeimichat, près du village d’Akjoujt (Inchiri), un terrain de 746 km2, pour un investissement de 200 000 dollars sur trois ans. La même société Tasiast s’apprête à mettre en exploitation son premier gisement d’or dans la même région, à 260 km au nord de Nouakchott. L’usine devrait produire 4 tonnes d’or par an, à partir de 2005 et pendant dix ans avec un investissement de départ de 52 millions de dollars.
Les premiers gisements de diamants ont été découverts dans la région de Maqteir, à 400 km à l’est de Zouérate, par la société Ashton (groupe Rio Tinto), en 1998. Leur évaluation précise est annoncée pour juin 2004.
La société Rex Diamonds (Canada) a, par ailleurs, trouvé de nouvelles zones prometteuses en kimberlites (roches riches en minerais, notamment en diamants) à Tenoumer et Touajil (Reguibat).
Une nouvelle concession de fer a été attribuée le 15 janvier dernier à la société australienne Sphere Investments en partenariat avec la Snim. Située à 35 km des sites actuels de production de cette dernière, la mine à ciel ouvert du Guelb el-Aouj renferme 500 millions de tonnes de minerai de fer. Les études de faisabilité sont en cours pour un début d’exploitation programmé en 2010 (18 millions de tonnes de minerai brut et 7 millions de tonnes de minerai concentré par an).
La région de l’Inchiri est également riche en cuivre : le projet Guelb Moghrein, près d’Akjoujt, constitue une reprise de l’activité minière arrêtée en 1978 par manque de rentabilité après dix ans d’exploitation. Les perspectives sont aujourd’hui meilleures avec la reprise des cours du cuivre. BHP-Billiton et ses partenaires prévoient d’installer une usine d’une capacité de 30 000 tonnes de concentré de cuivre par an.
Également en phase de relance, l’exploitation des gisements de phosphate situés dans le sud du pays, non loin du fleuve Sénégal. Les opérations d’extraction du phosphate (130 millions de tonnes de réserves à 20 % de teneur) seront assurées par la Société de phosphates de Mauritanie (Sophosma). Et l’évacuation serait confiée à une entreprise indépendante. Le transport se ferait non pas comme on l’avait imaginé, il y a vingt ans, par la voie fluviale, mais par un chemin de fer. Long d’environ 350 km, moitié moins que celui de la Snim (Zouérate-Nouadhibou), il servirait à l’exportation du minerai, mais également au désenclavement de la région de Kaedi (marchandises et passagers). Encore un projet ambitieux !

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