Casse-tête linguistique pour l’Europe à 25
Avec l’arrivée de dix nouveaux membres dans l’Union européenne (UE) le 1er mai 2004, le nombre de langues officielles passera de 11 à 20. Dès lors, les services de traduction de l’UE devront gérer un casse-tête de 380 combinaisons linguistiques possibles ! Comptant déjà près de 3 000 traducteurs et interprètes, l’UE s’apprête à en recruter 60 supplémentaires par nouvelle langue. Huit cents millions d’euros par an seront consacrés aux services de traduction, soit 40 % de plus que dans l’Europe à quinze.
Pourquoi maintenir une telle diversité linguistique ? Parce que l’UE adopte des législations directement contraignantes pour les citoyens qui doivent être à même de les comprendre. Le multilinguisme est d’abord un droit démocratique garantissant l’égalité des citoyens devant la loi. Reste qu’à l’oral l’anglais s’impose comme la langue dominante, au détriment du français. Une réalité que conforte l’arrivée des nouveaux commissaires, dont aucun, sauf le commissaire hongrois, n’est francophone.
Au Parlement, où chacun peut s’exprimer dans l’idiome qu’il souhaite, la langue de Shakespeare est de plus en plus utilisée. D’autant que certaines combinaisons linguistiques, le passage du letton au maltais par exemple, imposent le recours à des langues « relais » (ex. : letton-anglais/anglais-maltais), ce qui augmente les délais de traduction, aboutit parfois à des simplifications, et finit par décourager orateurs et auditeurs. Dans ces conditions, il y a de fortes chances que sur les deux langues de « travail » qu’a longtemps comptées l’UE – le français et l’anglais -, la seconde finisse par devenir la langue unique de communication.
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