Tunisie : informatisation et télécompensation
Dans le cadre de la libéralisation de l’économie, le système bancaire s’est lancé dès 1997 dans un vaste programme de modernisation. Objectif : mettre ses prestations en conformité avec les standards internationaux afin de pouvoir soutenir la concurrence des banques étrangères qui ne manqueront pas de s’installer dans le pays, à partir de 2004, comme l’exige l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Axe central de ce programme : la dématérialisation des supports de crédit (chèque, virement, prélèvement et lettre de change) et la réduction des délais nécessaires pour créditer les comptes bénéficiaires. Créée le 1er novembre 1999, la Société interbancaire de télécompensation (Sibtel), a été chargée de gérer le système central de télécompensation et les échanges sécurisés avec les institutions adhérentes, c’est-à-dire la Banque centrale de Tunisie (BCT), la vingtaine d’établissements bancaires de la place et la Poste. La société centralise les données informatiques relatives aux valeurs télécompensées, et réalise l’archivage électronique des images scannées de ces valeurs en vue de leur consultation ultérieure par les agences bancaires et postales appartenant à son réseau (plus d’un millier au total). Le logiciel de la télécompensation a été conçu par Banque et finance internationale (BFI), une start-up tunisienne spécialisée dans le développement des logiciels bancaires. Le système a coûté 5,9 millions de dinars (4,2 millions d’euros).
Depuis sa mise en service, les délais de réalisation des opérations ont été réduits de une à quatre semaines, à quarante-huit heures seulement, quel que soit le lieu d’émission et de paiement des valeurs. « Les supports physiques (papier) des chèques télécompensés sont encore conservés par les agences dites « remettantes ». Dans une étape ultérieure, la Sibtel aura le statut de certificateur agréé et l’archivage de ces supports ne sera plus nécessaire », explique Ali Khiri, ingénieur informaticien qui a fait carrière à la BCT avant de prendre la tête de cette entreprise privée. La Sibtel, qui emploie vingt-six salariés, en majorité des ingénieurs informaticiens, et assure un service continu 24 heures sur 24, a baissé de 20 % les tarifs de ses prestations le 1er avril dernier.
Second axe de modernisation bancaire, la monétique s’est beaucoup développée au cours des quatre dernières années, mais elle est restée très en deçà des objectifs fixés par la profession. Ainsi, avec l’émission de la carte nationale de retrait et de paiement « CIB », le nombre de cartes émises a dépassé, à la fin de 2002, 700 000 ; on compte près de 500 distributeurs automatiques de billets et plus de 10 000 commerçants ont été équipés de terminaux de paiement électronique (TPE).
Les professionnels, qui tablaient sur l’émission de 1,2 million de cartes et l’équipement de 20 000 commerçants, sont donc loin d’avoir atteint leurs objectifs. Les autorités financières devraient donc attendre l’adoption définitive de ces nouveaux procédés de paiement par les commerçants et les clients bancaires avant de faire évoluer le système monétique fondé sur la carte magnétique vers la technologie de la carte à puce.
Pour assurer la sécurité des transports de fonds, une société interbancaire de transport de fonds (IBS) a été créée en février 2001. Elle loue aujourd’hui ses services à une vingtaine de banques, mais aussi à plusieurs entreprises privées. Ses activités couvrent Tunis, Sousse, Sfax et la totalité des recettes des finances et 40 % des bureaux de poste implantés dans le district de Tunis.
La centrale d’information, mise en place à la BCT pour aider les banques à prendre leurs décisions d’octroi de crédits, devrait être enrichie bientôt par des centrales auxiliaires. Ces centrales prendront la forme de bases de données regroupant toutes sortes d’informations sur les clients des banques : leur identité, la qualité de leur signature, les statistiques relatives aux crédits, la classification des créances, les bilans des entreprises… La nouvelle centrale, qui sera opérationnelle vers le milieu de l’année prochaine, fonctionnera en temps réel et sera alimentée grâce à un système d’échange électronique de données avec toutes les banques de la place.
Autre axe de développement, la banque à distance en est encore à ses débuts. La plupart des établissements ont certes des sites Internet sur lesquels les clients peuvent réaliser certaines opérations comme la consultation du solde de leurs comptes, une demande de carnet de chèques, la simulation d’un crédit, l’envoi d’un message au chargé de la clientèle… Mais le crédit en ligne ou l’engagement par signature ne sont pas encore entrés dans les moeurs. Le procédé de l’e-banking pourrait néanmoins être rapidement développé : toutes les banques et agences du pays sont informatisées et interconnectées par des liaisons et des logiciels sécurisés.
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