Coupe du monde 2030 : Infantino pour une candidature Maroc-Espagne-Portugal, vraiment ?

Lors des troisièmes Sommets exécutifs du football de la Fifa à Marrakech, du 15 au 17 janvier, Gianni Infantino, le président de la Fifa, a laissé entendre qu’il était favorable à une candidature conjointe de Rabat, Madrid et Porto pour organiser la Coupe du Monde 2030.

Gianni Infantino, le président de la Fifa, lors du Sommet du G20 en Argentine, le 1er décembre 2018. © Natacha Pisarenko/AP/SIPA

Gianni Infantino, le président de la Fifa, lors du Sommet du G20 en Argentine, le 1er décembre 2018. © Natacha Pisarenko/AP/SIPA

Alexis Billebault

Publié le 16 janvier 2019 Lecture : 3 minutes.

Le Maroc n’a pas obtenu l’organisation de la Coupe du monde 2026, finalement attribuée au trio États-Unis-Canada-Mexique. Mais le Royaume n’a pas l’intention de baisser les bras, lui qui s’était déjà porté candidat pour accueillir la compétition en 1994, 1998, 2006 et 2010, à chaque fois doublé : par les États-Unis (déjà), la France, l’Allemagne et l’Afrique du Sud.

Après sa non-candidature (surprise) pour suppléer le Cameroun dans l’organisation de la CAN 2019, et alors que son nom circule pour postuler à celle de 2025 – en théorie promise à la Guinée –, le pays d’Afrique du Nord revient sur la scène mondiale à l’occasion des Sommets exécutifs du football que la Fifa a souhaité organiser à Marrakech, une des villes qui aurait pu accueillir des matches de la Coupe du Monde 2026.

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Revirement

Gianni Infantino, le patron du football mondial, n’a sans doute pas choisi ce lieu au hasard. Car depuis quelques jours, l’Italo-Suisse laisse entendre qu’il voit d’un bon œil une candidature du Maroc, de l’Espagne et du Portugal pour accueillir le Mondial en 2030.

Un positionnement qui surprend ce proche du dossier marocain : « En 2017, on avait appris que lors d’un échange téléphonique entre Mohammed VI et le Roi d’Espagne, il avait été question d’une candidature marocaine pour la Coupe du Monde 2026, avec des matches en Espagne, principalement en Andalousie, à Malaga et Séville notamment. À cette époque, Infantino s’y était opposé, au motif qu’il n’était pas favorable à ce qu’une Coupe du Monde se déroule dans deux pays appartenant à deux confédérations différentes. La vraie raison, c’est qu’il avait promis la Coupe du Monde 2026 aux États-Unis, qui l’avaient soutenu pour son élection en 2016. Et il ne faut pas oublier que Donald Trump s’était permis de menacer les pays qui ne voteraient pas pour le dossier nord-américain, ce qui n’avait pas fait réagir Infantino. Et aujourd’hui, il se dit favorable à une candidature tripartite du Maroc, de l’Espagne et du Portugal. C’est assez paradoxal… »

En novembre dernier, Pedro Sanchez, le premier Ministre espagnol, avait proposé, lors d’une visite officielle au Maroc, une candidature conjointe des trois pays.

>>> À LIRE : Au Maroc, Pedro Sanchez a parlé immigration et sécurité, forum économique et Mondial 2030

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Tensions Infantino-Ceferin

Le président de la FIFA est-il sincère quand il se dit favorable à une option qui ne l’enthousiasmait guère il y a deux ans ? La question mérite d’être posée, surtout quand on sait qu’Aleksander Ceferin, le président slovène de l’UEFA et avec qui Infantino entretient des relations exécrables, rêve de voir la Coupe du Monde 2030 se dérouler au Royaume-Uni (Angleterre, Écosse, Irlande du Nord, Pays de Galles) avec quelques matches offerts à l’Eire.

« Ceferin ne veut pas entendre parler d’une Coupe du Monde organisée par des pays de deux continents. Et comme il ne s’entend pas avec Infantino, celui-ci fait mine de pousser la candidature ibéro-marocaine. De plus, il faut aussi se souvenir qu’Infantino a torpillé le dossier marocain pour l’édition 2026 », poursuit notre source.

À ce niveau de responsabilités, tout ou presque est politique. En défendant une candidature marocaine, Infantino veut forcément séduire les Africains

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L’ancien capitaine des Lions indomptables du Cameroun, Patrick Mboma, actuellement au Caire pour défendre la CAN 2021 dans son pays, ne veut pas prêter de trop mauvaises intentions à Infantino, même si l’ex-attaquant se souvient que le dirigeant n’avait rien épargné au Maroc avant le vote pour l’attribution de la Coupe du Monde 2026. « Mais même s’il a favorisé le dossier adverse, peut-être est-il sincère dans sa démarche pour 2030 ? Peut-être estime-t-il aussi que le Maroc, pour une Coupe du Monde à quarante-huit équipes, est plus fort s’il s’associe avec l’Espagne et peut-être le Portugal ? De toute manière, à ce niveau de responsabilités, tout ou presque est politique. En défendant une candidature marocaine, il veut forcément séduire les Africains. »

Enjeu électoral

Or, en juin prochain à Paris, Infantino sera candidat à sa propre réélection. Même si la question de la Coupe du monde 2030 ne sera pas tranchée avant cette date, le président de la Fifa sait que la Confédération africaine de football (CAF) est, avec 54 membres (Zanzibar, affilié à la CAF, n’est pas membre de la FIFA, ndlr), le deuxième plus gros pourvoyeur de voix derrière l’Europe (55 membres).

« Il y a un gros enjeu à ce niveau. Si Infantino affiche son soutien à une candidature ibéro-marocaine, il sait qu’il récoltera des voix en Afrique, mais également en Europe », ajoute Mboma.

Mais le patron du football mondial pourrait au final pencher sur un autre ticket : « L’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay réfléchissent également à une candidature à trois », glisse notre source proche du Maroc. Or, Infantino avait déclaré en mai dernier que la candidature des trois pays sud-américains « était très forte, du fait de ce que représente le football dans ces trois pays… ».

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