Afrique subsaharienne : l’année 2019 s’annonce en demi-teinte selon Moody’s
L’agence de notation Moody’s n’est pas très rassurée sur l’évolution de la santé économique de l’Afrique subsaharienne en 2019, si l’on en croit les prévisions qu’elle a publiées le 14 janvier.
L’agence de notation américaine s’attend à ce que la croissance y accélère de 2,8 % en 2018 à 3,5 % cette année. Sans surprise, elle désigne comme championnes du dynamisme la Côte d’Ivoire à l’Ouest et l’Éthiopie à l’Est qui devraient progresser toutes deux au rythme de 8 % l’an, suivies du Kenya, de l’Ouganda et du Sénégal. Les deux géants de la zone, à savoir l’Afrique du Sud et le Nigeria, se rétabliront lentement (+ 1,3 % en 2019 après + 0,8 % en 2018 pour l’Afrique du Sud et + 2,3 % en 2019 après + 1,9 % en 2018 pour le Nigeria).
Grosso modo, les pays importateurs continueront à connaître une croissance soutenue, tandis que les pays exportateurs reprendront du poil de la bête.
Perspective négative sur six pays
L’agence constate aussi que les gouvernements poursuivent leurs efforts pour réduire leurs déficits budgétaires, ce qui stabilisera ou améliorera leurs taux d’endettement. D’autant que plusieurs pays souhaitent renégocier avec la Chine le fardeau de leurs prêts, comme l’Angola, le Cameroun et la Zambie.
Malgré ce tableau plutôt encourageant, Moody’s émet un avis « globalement négatif » sur les perspectives des 21 pays subsahariens dont elle note la qualité de la dette. Quinze d’entre eux conservent une perspective stable, six une perspective négative (le Mozambique, la Namibie, la Tanzanie, le Cameroun, eSwatini et la RDC), et aucun n’est promis à une amélioration de sa note.
Elle prévient que les pays qui connaîtront le plus de difficultés avec leur dette sont ceux qui cumulent d’importants déficits courants, des remboursements de prêts croissants et un fort endettement en devises étrangères. Trois pays sont concernés : le Ghana, le Kenya et la Zambie.
Un risque avant tout politique
L’agence avance quatre raisons à son pessimisme paradoxal. La première est la faible croissance du revenu par tête, bridé par une croissance démographique annuelle de 2,5 %. La seconde tient aux risques de dérapage de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine qui pourraient affaiblir la demande mondiale, notamment en produits de base dont l’Afrique est grande exportatrice. La troisième est le risque météorologique, car « la dépendance de la région à son agriculture la rend vulnérable aux conditions climatiques extrêmes ».
Mais le plus grand risque qui pèse sur le continent est politique, selon elle. Il y a bien un rayon d’espoir à l’Est en raison de l’apaisement en cours entre l’Éthiopie et l’Érythrée, mais les tensions persistent pour des raisons diverses (gouvernances faibles, successions au pouvoir difficiles, suites d’élections, terrorisme) au Cameroun, au Gabon, au Kenya et en RDC.
Les élections prévues en 2019 en Afrique du Sud, au Botswana, au Cameroun, au Mozambique, en Namibie, au Mozambique ou au Sénégal laissent augurer des soubresauts qui pourraient pousser les gouvernements au laxisme, dégrader leurs comptes, tasser la croissance et surtout faire fuir les investisseurs.
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