Nigeria : Atiku Abubakar veut privatiser la compagnie pétrolière nationale s’il remporte la présidentielle

L’ancien vice-président Atiku Abubakar, principal rival de Muhammadu Buhari à la présidentielle de février, a promis de privatiser la Société nationale nigériane des hydrocarbures (NNPC) et de relâcher la pression sur le taux de change s’il est élu.

Atiku Abubakar, candidat à la présidentielle de février 2019 au Nigeria, ici en 2011. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Atiku Abubakar, candidat à la présidentielle de février 2019 au Nigeria, ici en 2011. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Publié le 17 janvier 2019 Lecture : 2 minutes.

La lutte contre la corruption dans le secteur du pétrole est au cœur de la campagne présidentielle nigériane. Le 16 février, l’ancien vice-président Atiku Abubakar, candidat du Parti populaire démocratique (PDP, principal parti d’opposition), a ainsi qualifié la compagnie pétrolière nationale d’« organisation mafieuse », et a promis de la privatiser s’il est élu.

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Le candidat, qui s’exprimait à l’occasion d’une conférence sur l’économie organisée à Lagos, a affirmé avoir tenté – en vain – de mettre fin au « fonctionnement opaque » de la Société nationale nigériane des hydrocarbures (NNPC), réputée être la caisse noire des gouvernements successifs, lorsqu’il était vice-président d’Olegun Obasanjo, de 1999 à 2007.

« J’ai dit qu’à moins de démanteler ces organisations mafieuses, nous ne pourrons pas progresser. Privatisons-les », a affirmé celui qui a aussi dans le viseur la compagnie nationale d’électricité. « Je m’engage à mener ces privatisations, comme je l’ai dit. Je jure que même s’ils veulent me tuer, je le ferai », a-t-il ajouté.

La Banque centrale dans le viseur

Dans un bureau de change de Lagos, au Nigeria, en 2015 (archives). © Sunday Alamba/AP/SIPA

Dans un bureau de change de Lagos, au Nigeria, en 2015 (archives). © Sunday Alamba/AP/SIPA

L’ancien vice-président, âgé de 72 ans a également promis de « libéraliser l’économie pour créer des emplois », dans le pays le plus peuplé d’Afrique, avec plus de 180 millions d’habitants dont la majorité vit dans une grande pauvreté. « Je vais réduire complètement la taille du gouvernement fédéral et transférer des compétences » aux collectivités régionales et locales, a-t-il déclaré.

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Au cours d’une interview à Bloomberg, le même jour, il a annoncé son intention de nommer un nouveau gouverneur à la Banque centrale et de faire flotter le naira. « Je ne pense pas qu’il a appliqué les bonnes politiques », a-t-il ainsi estimé, en visant l’actuel gouverneur de la Banque centrale, Godwin Emefiele, qui a resserré le contrôle des capitaux et géré de près la valeur du naira dans le but de réduire l’inflation et de stimuler le secteur manufacturier en décourageant les importations.

Le système de taux de change multiples actuellement en vigueur dans le pays est très critiqué par plusieurs investisseurs étrangers, et fermement banni par le FMI. En outre, le maintien du taux directeur à un niveau record de 14 % depuis 2016 n’a pas empêché l’inflation d’accélérer, pour atteindre son plus haut niveau en onze mois à 11,4 %, en décembre.

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Soupçons de corruption

Le président sortant Muhammadu Buhari (à g.) et son principal adversaire, Atiku Abubakar (ici en 2014), s'affronteront à la présidentielle du 16 février 2019. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Le président sortant Muhammadu Buhari (à g.) et son principal adversaire, Atiku Abubakar (ici en 2014), s'affronteront à la présidentielle du 16 février 2019. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Mais si Muhammadu Buhari, qui avait fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille en 2015, est très critiqué sur son bilan, des soupçons pèsent aussi sur son opposant, ancien agent des douanes qui a créé en parallèle un vaste empire, présent dans le secteur du pétrole, de l’agriculture, des boissons…

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« Il a acquis sa fortune durant les années qu’il a passé aux douanes, ce qui entretient un fort soupçon de corruption et de conflits d’intérêts », expliquait ainsi fin décembre à Jeune Afrique Marc-Antoine Pérouse de Montclos, directeur de recherches à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Jamais poursuivi dans son pays, il a en revanche été visé par plusieurs enquêtes aux États-Unis.

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