[Chronique] James Watson, prix Nobel de racisme ?
« Pessimiste quant à l’avenir de l’Afrique », le scientifique américain nobélisé James Dewey Watson plaiderait-il pour l’inégalité des races ? Il affirme, en tout cas, qu’il l’aurait constatée génétiquement…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 17 janvier 2019 Lecture : 2 minutes.
Ne feignons pas de découvrir la face cachée des génies les plus homologués. La signature stylistique de l’immense écrivain Louis-Ferdinand Céline n’occulte pas son antisémitisme, comme le talent footballistique de l’ailier Franck Ribéry ne cache pas la faiblesse littéraire de ses tweets sur les entrecôtes recouvertes d’or. Si l’Américain James Dewey Watson est aussi brillant qu’on peut l’être – à considérer qu’un prix Nobel hisse au toit du monde intellectuel – , ses théories n’en font pas moins grincer les dents des anti-racistes. Et même des autorités universitaires…
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Le 11 janvier dernier, l’Institut de recherches américain Cold Spring Harbor révoquait les titres honorifiques attribués à ce généticien et biochimiste jusqu’alors Chancelier émérite, professeur émérite et administrateur honoraire de l’institution.
Le scientifique de 90 ans, lauréat du prix Nobel de médecine en 1962, en compagnie de Francis Crick et Maurice Wilkins, était apparu, la semaine précédente, dans un documentaire du réseau de télévision publique PBS. Il y affirmait qu’il existe une différence de résultats aux tests de quotient intellectuel entre les Blancs et les Noirs, et que cette différence est génétique. Si une saillie de comptoir ou de Twitter ne mérite guère d’attention, l’invocation d’une hiérarchie génétique des races interpelle quand elle est émise par un spécialiste reconnu de ladite génétique, co-découvreur, en 1953, de la structure de l’ADN.
Récidiviste
Les autorités châtieuses du Cold Spring Harbor Laboratory condamnent cette utilisation de la science comme justification de ce qui reste « un préjugé », ajoutant, comme le biologiste Steven P. Rose avant elles, que les propos de Watson ne s’appuient sur aucune connaissance scientifique avérée.
Selon le prix Nobel, tous les tests disent que l’intelligence des Africains n’est pas vraiment la même que celle des Occidentaux
Une observation en perspective du parcours du nonagénaire permet d’ailleurs de constater qu’il est coutumier d’une provocation aussi intolérante qu’intempestive. En octobre 2007, le scientifique était déjà suspendu de ses fonctions et mis à la retraite pour s’être déclaré « fondamentalement pessimiste quant à l’avenir de l’Afrique », continent auquel seraient adressées des politiques d’aide présupposant que l’intelligence des Africains « est la même » que celle des Occidentaux alors que, toujours selon le prix Nobel, « tous les tests disent que ce n’est pas vraiment le cas ». Selon lui, la simple observation « d’employés noirs » aurait déjà valeur de preuve.
De quel ADN James Watson est-il un spécialiste ? L’Acide désoxyribonucléique, ou bien l’ânerie débile et nauséabonde ?
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