Haro sur le tabac !

La convention internationale de lutte contre le tabagisme a été formellement adoptée par les 192 États membres de l’OMS.

Publié le 26 mai 2003 Lecture : 2 minutes.

Victoire personnelle pour Gro Harlem Brundtland, directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dont le mandat s’achève le 21 juillet. La convention internationale de lutte contre le tabagisme, dont elle avait fait la grande priorité de son mandat, a été formellement adoptée par les 192 États membres de l’OMS, lors de l’Assemblée mondiale de la santé qui se tient à Genève jusqu’au 28 mai. Ce texte est le premier traité de santé publique international. Objectif : réduire le nombre de décès dus au tabac, actuellement estimé à 5 millions par an. Si rien n’est fait, les experts prévoient qu’en 2030 ce chiffre aura doublé.
La balle est donc désormais dans le camp des gouvernements. Pour que cette convention entre en vigueur, il faudrait que 40 États la ratifient. Et que, comme l’a souligné Brundtland, « ce texte serve de base aux législations nationales antitabac », qui devront être reformées. Dès lors, plusieurs mesures seront mises en oeuvre, comme l’interdiction totale de fumer dans les lieux publics et dans les espaces réservés à des activités pédagogiques, la limitation des points de vente ou encore l’apparition d’avertissements sanitaires occupant 30 % à 50 % de la surface du paquet.
Autre élément phare de cette convention : l’interdiction de vente de produits du tabac aux mineurs. Si tous les signataires se sont rapidement mis d’accord sur ces termes, quelques points d’achoppement ont toutefois failli enterrer le projet. Le plus important d’entre eux est la publicité. Trois années ont été nécessaires pour mettre tout le monde d’accord. La puissante industrie américaine des cigarettiers n’était en effet pas décidée à se saborder en acceptant tout. Les États-Unis, grand producteur de tabac et soutenant à mots couverts cette industrie, ont d’ailleurs menacé de ne pas signer le texte, jusqu’à ce que l’idée d’interdiction totale de publicité soit abandonnée. Désormais, la convention préconise « l’interdiction ou la limitation de la publicité ». Une recommandation que chaque État pourra interpréter comme bon lui semble. Les jours de l’industrie du tabac ne semblent donc pas encore comptés. Comme est venu le confirmer un jugement rendu le 22 mai par la cour d’appel de Floride. Condamnés en 2000 à verser 145 milliards de dollars à 700 000 malades du tabac réunis en collectif, cinq grands cigarettiers (Philip Morris USA, RJ Reynolds, Lorillard, Ligget et Brown & Williamson) ont obtenu l’annulation de cette peine. Les juges l’ont qualifiée « d’anticonstitutionnelle, car elle mettait les entreprises en péril ». Bien entendu, les actions de Philip Morris et RJ Reynolds ont respectivement bondi de 10 % et 5 % à la Bourse de New York dès l’annonce du verdict… s

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