Des Français se sont constitués partie civile

Publié le 26 mai 2003 Lecture : 2 minutes.

«Face au mutisme des autorités sénégalaises, nous n’avons plus le choix : une information judiciaire a été ouverte en France pour faire toute la vérité sur la mort de notre enfant ; rien ne nous arrêtera », jure Alain Verschatse, dont la fille de 21 ans a trouvé la mort dans le naufrage du Joola. Il est vrai que, huit mois après la tragédie, aucune responsabilité n’a encore été clairement établie. Et aucun responsable désigné. Moins de cinq cents corps ont été sortis de l’eau, dont ceux de cinq Français. Les autres n’ont que la mer pour sépulture. La récupération des dépouilles est le premier objectif des familles de victimes.
Quelque soixante-dix plaintes avaient été déposées par les parents des dix-neuf victimes françaises. Elles ont été regroupées en une seule, qui a été transmise au tribunal de grande instance d’Évry, dans la banlieue parisienne. Une enquête a été ouverte pour « homicides involontaires et défaut d’assistance à personnes en péril ». Pour le moment, aucun des plaignants n’a encore été entendu par les juges Nerot et Dard. Lors d’une réunion d’information organisée le 14 mai, le procureur de la République leur a quand même conseillé de se constituer partie civile, ce qui leur permettra de demander « réparation du préjudice subi ou la restitution d’objets », dans le cadre d’un procès pénal. Quant à la probable commission rogatoire qui sera diligentée au Sénégal, elle aura besoin du concours des autorités nationales. « Nous pourrons alors juger si le gouvernement sénégalais est disposé à aller jusqu’au bout et à faire en sorte que les responsables soient un jour traduits en justice et sanctionnés », estime Bernard Meyzié, le président de l’Association des familles de victimes du Joola (AFV Joola).
Pourtant, personne n’est dupe : l’instruction prendra du temps, sans doute plusieurs années. Avec des chances minimes de voir les plaintes aboutir, compte tenu des restrictions territoriales imposées par le droit international. « Contrairement aux informations parues dans la presse sénégalaise, nous avons refusé la somme – dérisoire – de 4 millions de F CFA proposés par l’État à titre d’indemnisation. Mais notre combat n’est pas financier, il est moral », confie le président d’AFV Joola. Afin d’accentuer la pression sur le gouvernement du président Abdoulaye Wade, les familles de victimes françaises tentent de convaincre les Belges, les Hollandais et les Allemands qui ont perdu un proche dans le naufrage d’engager à leur tour une action judiciaire. Pour prouver que « la fatalité n’existe ni en Europe ni au Sénégal ».

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