Chacun son Irak

Publié le 26 mai 2003 Lecture : 2 minutes.

Les plans des États-Unis en Irak restent fortement ambigus. Demandez à l’administration combien de temps les Américains comptent y rester, vous aurez la réponse toute faite : aussi longtemps que nécessaire, et pas un jour de plus. Mais nécessaire pour quoi ? Insistez un peu, et vous retombez sur la formule : l’Irak aux Irakiens. Mais à quels Irakiens et avec quelle forme de gouvernement ?
Quant à la nation irakienne, c’est quoi ? Certains hauts responsables américains reconnaissent que les États-Unis ne sont pas très doués pour la reconstruction d’un pays, ce qu’ils appellent le nation-building. L’objectif, là, est de mettre en place dès que possible une autorité irakienne provisoire. Washington aidera alors cette autorité à créer une administration irakienne permanente. Et évacuera les lieux. Si, alors, les Irakiens s’emmêlent les pinceaux, tant pis pour eux. L’Amérique se devait de leur donner leur chance. Point final. Après, aux Irakiens de jouer. L’Amérique devait s’occuper, ensuite, des menaces que représentaient l’Iran et la Corée du Nord. Quant aux rêves des néoconservateurs d’une démocratie jeffersonienne, d’un Irak qui reconnaisse Israël et qui pompe tout le pétrole dont l’Amérique a besoin, eh bien, oui, ce n’étaient que des rêves.
En d’autres termes, la querelle entre les partisans de l’Irak aux Irakiens et les néoconservateurs n’est toujours pas réglée. Le président Bush est quelque part entre les deux. Donc, toute superpuissante qu’elle est, l’Amérique n’a pas une ambition stratégique cohérente pour l’Irak ou pour le Moyen-Orient. Bush prétend qu’il va mettre la pression pour faire appliquer la feuille de route pour la paix entre Israéliens et Palestiniens. Mais personne ne peut dire s’il est vraiment décidé ou s’il ne s’agit que de bonnes paroles. Avant même les attentats suicide qui ont eu lieu en Arabie saoudite, les États-Unis préparaient le retrait de leurs soldats. Mais le royaume du désert est-il aujourd’hui devenu un ennemi, ou est-ce encore un ami ?
Il n’existe aucune réponse claire et nette à ces questions. Ce que nous avons en face de nous présentement, c’est une puissance américaine sans objectifs évidents, un empire sans raison d’être. Bush doit choisir. Vite. Dans l’état actuel des choses, le chaos qui sévit à Bagdad reflète la division et l’indécision qui règnent à Washington.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires