Burkina : résurrection de la BCB

Publié le 26 mai 2003 Lecture : 2 minutes.

De l’aveu même d’un cadre de la Commission bancaire de la BCEAO (Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest), la progression de la Banque commerciale du Burkina (BCB) est l’une des plus remarquables qu’a connues la sous-région depuis la dévaluation du franc CFA, en janvier 1994. En moins d’une décennie, la BCB, qui est détenue en majorité par la Libyan Arab Foreign Bank, a vu sa part de marché progresser de 0,5 % en 1994 à un peu plus de 10 % en 2002. Ce qui la place au même niveau que la Bank of Africa, et juste derrière la Société générale de banques au Burkina (13 %) et Ecobank (12 %). Une situation enviable que reflétent ses principaux indicateurs : entre 1995 et 2002, les dépôts ont été multipliés par plus de dix pour atteindre 37,3 milliards de F CFA (56,8 millions d’euros), alors que, dans le même temps, les créances sur la clientèle bondissaient de 1 500 % pour franchir la barre de 30 milliards de F CFA.
Reste que la BCB revient de loin. Au milieu des années quatre-vingt-dix, elle était – à l’instar de la plupart des banques commerciales à participation libyenne – loin d’être gérée dans les règles de l’art et ne cessait d’accumuler les pertes. Tripoli décida alors de remettre de l’ordre dans son portefeuille bancaire ouest-africain et de renouveler les cadres dirigeants. Déjà présent au sein de la BCB depuis près de trois ans en tant que directeur central, Mahmud El Hadi Hammuda fut nommé directeur général en juillet 1997. Principal artisan du redressement de la structure, il a, depuis, accumulé les distinctions : « homme de l’année 2000 » de la Jeune chambre économique (JCE), président de l’Association professionnelle des banques du Burkina (2000-2002), président de la Fédération des associations professionnelles des banques et établissements financiers de l’Uemoa (2000-2002), avant d’occuper, cette année, la présidence du Club des dirigeants des banques d’Afrique francophone.
À l’origine de cette réussite, deux idées simples : replacer le client au centre des préoccupations de la banque et développer une culture de management participatif en associant tout le personnel au processus de décision. Du coup, le bouche à oreille a fait son effet à Ouaga, et la banque s’est mieux insérée dans son environnement socio-économique. Pour preuve, elle est considérée avant tout comme une banque burkinabè, même si 50 % de son capital appartient à un opérateur libyen. Au grand dam des deux leaders de la place – la filiale de BNP-Paribas (la Bicia-B) et la Banque internationale du Burkina (BIB) – qui cèdent du terrain et se voient désormais concurrencés sur le créneau du transfert d’argent : la BCB a en effet conclu un accord avec le groupe américain MoneyGram afin de capter une partie de la manne transférée chaque année par les travailleurs burkinabè à l’étranger. Seule inquiétude pour la BCB, qui vient d’inaugurer un nouveau siège flambant neuf : l’implantation prochaine d’une filiale de la Banque africaine pour le développement du commerce (BADC), qui risque de faire double emploi, car également contrôlée par Tripoli, même si elle a vu le jour dans le cadre de la Communauté des États sahélo-sahariens (Cen-Sad). Verdict en septembre, date à laquelle la BCEAO devrait donner son feu vert à l’arrivée de ce nouvel opérateur.

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