Bourguiba à Stockholm

Le modèle suédois plaît aux Tunisiens. Le président Habib Bourguiba est allé voir de plus près ce qui s’y passe.

Publié le 27 mai 2003 Lecture : 2 minutes.

Dans les carrosses harnachés d’or et avec tout le faste d’autrefois, le président Bourguiba et sa suite sont arrivés le 7 juin dans la ville de Stockholm. Le cortège aux chevaux piaffants se déroule le long des rues de la « ville sur l’eau ». Et, sur un dernier roulement de tambour, il fait son entrée dans la cour du Palais royal. Déjeuners, dîners, réceptions, habits et robes de cour, grands cordons et toasts. On se sépare sur des discours émus, sur des protestations d’amitié, en ayant le sentiment d’avoir utilement resserré les liens entre les deux pays.
Tunisie-Suède. Suède-Tunisie. Mais pourquoi ? Pourquoi la Suède ?
De tous les pays d’Europe, n’est-elle pas le plus lointain, le plus étranger, le plus incompréhensible à des Méditerranéens ? Il est vrai que les meilleurs mariages sont complémentaires, mais à vouloir dresser le bilan des similitudes et des disparités, on risque fort de conclure que tout, finalement, sépare Tunis de Stockholm.
Pourtant, entre la Scandinavie froide et la Tunisie émotive, il existe depuis près de mille ans des liens profonds continus. Et, bien au-delà des rapports de conquête ou de négoce, une certaine attirance mutuelle, teintée d’étonnement et de curiosité. En Suède, pas de conflits sociaux. Bien-être. Démocratie. Niveau de vie élevé. Justice sociale. Comment font-ils ? On demande la recette…
Pour les Tunisiens, les pays scandinaves, et plus particulièrement la Suède mieux connue, deviennent vite « le modèle ». Cette conjugaison efficace de justice sociale, de démocratie réelle et de liberté individuelle résume leurs aspirations. Quand on parle en Tunisie « coopératives », on se réfère presque toujours – consciemment ou non – aux exemples scandinaves. Et puis l’idéologie suédoise peut être acceptée sans complexes : les rapports entre les deux pays n’ont jamais été des rapports de domination, l’assistance offerte ne saurait donc être suspecte de néocolonialisme ou entachée d’impérialisme économique.
Un premier accord commercial est signé en 1960. En mars 1963, la coopération se précise et s’étend. Pour la première fois, la Suède prend « en charge » le développement économique de toute une région de Tunisie. On choisit Kélibia, petit port de pêche du Cap-Bon. À Kélibia, les Suédois retrouveront leurs traditions de marins-pionniers. Ils édifieront un port de pêche moderne, ils animeront un centre professionnel de pêche. Et, dans un centre modèle de protection maternelle et infantile, on expérimentera les nouvelles méthodes suédoises de Birth control (planning familial). En tout, 6 millions de couronnes suédoises (environ 5 millions de dinars) financeront ces projets. Désormais, le train est accroché. La coopération peut s’étendre, et les investissements privés se multiplier.
Trêve de sentiments : pourquoi la Suède ? Parce qu’aujourd’hui comme hier Tunisiens et Suédois travailleront, ensemble, dans le même esprit de respect mutuel, de fascination réciproque.

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