Bailleurs de fonds aux petits soins

Après deux ans d’enlisement des négociations, les institutions de Bretton Woods font preuve d’une générosité soudaine.

Publié le 26 mai 2003 Lecture : 2 minutes.

Récolte fructueuse pour le Premier ministre Idrissa Seck. De retour d’une visite de trois jours à Washington (du 30 avril au 2 mai), le chef du gouvernement a annoncé des engagements financiers très généreux de la part de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) à l’endroit du Sénégal. Dettes paysannes épongées à hauteur de 6 milliards de F CFA (9,1 millions d’euros), reconduction de la distribution de vivres de « soudure » en milieu rural, gratuité des semences pour la prochaine campagne agricole… Il faut croire, avec Idrissa Seck, que les institutions de Bretton Woods ne lui ont rien refusé, et cela sans même imposer une seule condition. La Banque mondiale et le FMI sont allés jusqu’à devancer les demandes du gouvernement sénégalais : ils se sont ainsi proposé de financer le projet de réinsertion sociale des anciens combattants du maquis casamançais.
Le FMI s’est également engagé à accompagner la modernisation du réseau de la Société nationale d’énergie électrique (Senelec), pour un coût global de 132 milliards de F CFA. De son côté, l’État sénégalais a accepté d’éponger, à hauteur de 21 milliards de F CFA, les dettes des entreprises en ce qui concerne les cotisations sociales.
Certains observateurs expliquent cette subite générosité du FMI et de la Banque mondiale par un coup de pouce de l’administration américaine. Washington aurait ainsi renvoyé l’ascenseur à Dakar, en récompense de sa position lors de la guerre menée par les États-Unis en Irak. Il faut rappeler que les négociations entre le Sénégal et les institutions de Bretton Woods étaient en effet enlisées depuis plus de deux ans.
Trois semaines après la visite du Premier ministre aux États-Unis, le président Abdoulaye Wade est revenu du Japon avec autant de succès que son collaborateur. Tokyo s’engage ainsi à effacer l’ardoise du Sénégal, d’un montant de 52 milliards de F CFA, à financer, à hauteur de 10 milliards, la construction de salles de classe, et à accroître de 14 milliards sa contribution financière non remboursable.
Les bons rapports entre le Sénégal et ses bailleurs de fonds pourraient permettre au président Wade de concrétiser sa promesse électorale : faire entrer dans le pays « plus d’argent qu’il n’en a besoin ». Surtout si on ajoute à ces succès le bon comportement des finances publiques revendiqué par le gouvernement.
Un optimisme tempéré par un rapport de la Banque mondiale rendu public, à Dakar, le 13 mai. Faisant le compte-rendu de sa visite au Sénégal, du 21 au 25 avril, le vice-président de l’institution pour la région Afrique, Callisto Madavo, y indique que le Sénégal n’a pas encore rempli les conditions préalables au redémarrage de la croissance économique. Selon lui, trois facteurs plombent cette dernière : la faiblesse de l’investissement privé, le niveau trop peu élevé de développement du capital humain – qui souffre lui aussi d’un déficit d’investissement – et le trop grand écart de niveau de vie entre les zones rurales et les villes.

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