A côté de la plaque

Publié le 26 mai 2003 Lecture : 2 minutes.

«La guerre contre le terrorisme international », déclenchée par les États-Unis dès le 12 septembre 2001 pour punir ceux qui les ont agressés le 11, est entrée dans son vingt et unième mois. Quels sont ses résultats ?
En ce seul mois de mai, un attentat suicide en Arabie saoudite et un autre au Maroc, dans la même semaine, avec pour bilan cumulé des dizaines de morts et de blessés, dont la vingtaine de bombes humaines.
Alertes de niveau orange aux États-Unis et dans plusieurs pays, fermetures d’ambassades américaines et européennes, restrictions de plus en plus sévères des libertés, dont celle de voyager, ont eu pour conséquence immédiate de mettre à mal la plupart des compagnies aériennes et des industries touristiques.
N’est-il pas temps de se poser la seule question qui vaille : les Américains, et ceux qui les suivent, ont-ils choisi la bonne méthode pour lutter contre le terrorisme ? Ou bien, au contraire, ont-ils retenu celle qui le renforce ?
Mon opinion est qu’ils ont obtenu des résultats, mais qu’ils « mettent à côté de la plaque ».
Ils ont considéré les actes terroristes comme des éruptions cutanées et, pour les éliminer, ont utilisé des poudres, genre DDT, des antibiotiques – et le bistouri.
Et s’étonnent de voir que le corps qui, lui, n’a pas été traité (ou a été maltraité) produit de nouvelles éruptions au fur et à mesure qu’on extirpe les anciennes.
Ils se sont attaqués aux symptômes en négligeant les causes et ont ignoré ce que tout bon médecin sait : il faut soigner le corps et l’esprit pour guérir ce qui affleure.
D’ailleurs, l’expression « terrorisme international », qu’ils mettent à toutes les sauces, est trompeuse : celui qui frappe en Israël est plutôt national, ainsi, d’ailleurs, que celui qui, en Tchétchénie, tue des Russes et leurs collaborateurs. Les terroristes qui sont morts pour tuer en Arabie saoudite, puis au Maroc, sont des ressortissants de ces deux pays (inspirés et armés par un islamisme plus intermusulman qu’international)
Ces terroristes islamistes ont des griefs sérieux contre les gouvernements de leurs pays respectifs, contre la société qui les exclut et contre les maîtres du monde pour la tutelle qu’ils exercent, l’injustice qu’ils organisent ou favorisent, les humiliations qu’ils font subir aux « sans-voix ».
Nous ne le répéterons jamais assez : si on veut lutter efficacement contre eux, réduire leur nombre et leur efficacité, il faut s’attaquer à leur terreau, il faut s’en prendre aux causes et non pas promener son bistouri sur les symptômes.

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