Wolfowitz désavoué

Publié le 26 mars 2007 Lecture : 2 minutes.

L’homme a beau affirmer que « les désaccords sont petits », l’institution qu’il dirige n’arrive plus à masquer les critiques émises par certains pays actionnaires. À la tête de la Banque mondiale depuis deux ans, Paul Wolfowitz se montre affable et courtois durant ses voyages, mais l’ex-secrétaire adjoint américain à la Défense préfère sélectionner les journalistes lorsqu’il s’agit d’aborder les questions qui fâchent. Peine perdue, le débat qui fait rage au sein du conseil d’administration à Washington est sur la place publique. Le lancement des négociations pour la reconstitution des fonds de l’Association internationale de développement (AID) – qui représente 40 % de l’activité de la Banque – a servi de fenêtre de tirs aux pourfendeurs de l’ancien faucon de l’administration Bush. Les discours lénifiants sur la pauvreté et la bonne gouvernance ne font plus illusion.
La France, la Chine, la Suisse, le Canada et même les États-Unis demandent une clarification des priorités et des stratégies de l’institution avant de fixer le niveau de leurs engagements financiers. Ce message a été clairement envoyé lors d’une réunion particulièrement houleuse, en janvier dernier. En ligne de mire, la lutte anticorruption et le conditionnement de l’aide brandis par Wolfowitz afin de « mettre au pas » les dirigeants peu scrupuleux. Si l’intention est noble, Paris dénonce une politique contre-productive qui, à terme, risque de fragiliser les États et les populations les plus pauvres. Ce débat avait déjà agité l’assemblée générale de la Banque mondiale, en septembre dernier. Il n’est pas terminé.

Une grande rencontre a réuni à Paris l’ensemble des bailleurs, les 5 et 6 mars. Opération réconciliation ? Peut-être, mais ce fut surtout l’occasion de fixer l’agenda et le contenu des discussions pour l’AID. La Banque mondiale espère mobiliser, d’ici à décembre, au moins 27 milliards de dollars. Mais plusieurs pays donateurs font valoir que rien ne les empêche de redéployer leur dotation vers d’autres organisations multilatérales en cas de désaccord. « Wolfowitz casse toute l’expertise sur le développement », ajoute un ancien de l’institution, qui déplore les nombreux départs depuis deux ans. Et non des moindres. En août 2006, le vice-président chargé du Moyen-Orient, Christian Portman, a rendu son tablier. Quant à l’économiste en chef, François Bourguignon, il quittera ses fonctions avant la fin de l’année.

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