Un Israélien à Tunis
Le vice-président de la Knesset a participé à la session annuelle de l’Assemblée parlementaire.
Il fut, au début de ce mois de mars, président de l’État d’Israël – pour quelques jours, il est vrai. Du 16 au 17 mars, il était à Gammarth, dans la banlieue de Tunis, où, en sa qualité de vice-président de la Knesset, il a participé à la session annuelle de l’Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne (Apem). Si Majalli Wahaba, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a été reçu par les autorités tunisiennes avec tous les honneurs dus à son rang, la presse locale n’a pour ainsi dire pas soufflé mot de sa présence. Ce qui peut se concevoir puisque la Tunisie et Israël, membres l’un et l’autre de l’Apem, n’entretiennent pas de relations diplomatiques. Même la presse israélienne s’est montrée d’une très exceptionnelle discrétion.
C’est que Wahaba (53 ans) n’est pas un Israélien comme les autres : il est arabe, de confession druze. À partir du 27 février, le président Moshe Katzav, accusé de viol, ayant été suspendu de ses fonctions, et Dalia Itzik, la présidente de la Knesset, se trouvant aux États-Unis, c’est donc lui qui a assuré fortuitement l’intérim du chef de l’État. Ce que les partisans de la « pureté » des institutions de l’État juif n’ont d’ailleurs que modérément apprécié : leurs commentaires à son égard ont souvent flirté avec le racisme pur et simple.
Les Arabes israéliens représentent 20 % de la population d’Israël (7 millions d’habitants). Traités comme des citoyens de seconde zone et victimes de toutes sortes de discriminations (en matière sociale et éducative, notamment), ils représentent néanmoins un enjeu électoral important : tous les partis convoitent leurs voix. Wahaba en a apporté un certain nombre à Kadima, la formation d’Ariel Sharon et d’Ehoud Olmert, dont il est membre.
À Gammarth, où il était accompagné de quatre députés et de dix « diplomates », il s’est flatté de ses récentes promotions, pourtant provisoires et protocolaires. C’est, selon lui, la preuve qu’un Arabe peut accéder aux hautes responsabilités au sein de l’État hébreu. Wahaba a par ailleurs estimé que l’Apem ne devait pas « servir de forum » dans le cadre du conflit au Proche-Orient. Il est vrai que la manifestation, qui, depuis 2003, rassemble chaque année 120 députés de l’Union européenne et 120 de leurs collègues des pays du sud de la Méditerranée, a permis de mettre quelques points sur les i. Alors que le vice-président de la Knesset a pu participer librement au forum de Tunis, Aziz Douik, le président du Parlement palestinien, croupit depuis plusieurs mois dans une prison israélienne en compagnie d’une quarantaine de députés démocratiquement élus et de ministres. Dans sa déclaration finale de Tunis, l’Apem a exprimé « sa ferme indignation » et demandé leur « libération immédiate ». Vu pieux, bien sûr.
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