Travaux privés

Raffinerie, aéroport, complexes routiers et immobiliers Les grands chantiers se multiplient. Les investissements étrangers aussi.

Publié le 26 mars 2007 Lecture : 5 minutes.

Il y avait foule à Sfax à l’occasion du 9e salon méditerranéen du bâtiment Medibat 2007, organisé du 7 au 9 mars. Il faut dire que dans le cadre du XIe Plan de développement (2007-2011), de nouveaux projets d’infrastructures vont voir le jour. Selon une estimation provisoire, le montant total des investissements qui seront réalisés dans les cinq prochaines années est estimé à plus de 8 milliards de dinars (6,1 milliards de dollars). Sans compter les projets de construction et d’aménagement de nouveaux centres urbains et touristiques envisagés par des investisseurs du Golfe, principalement émiratis, désireux de diversifier le placement de leurs revenus provenant du pétrole.
Pas surprenant dès lors de voir les opérateurs, tunisiens ou étrangers, se mettre sur les rangs pour tenter de décrocher les marchés. Leur présence à Medibat 2007 n’est pas passée inaperçue. Nael Barkawi, ingénieur formé aux États-Unis, dirige actuellement une compagnie koweïtienne active dans vingt-quatre pays de la région et d’Europe. Spécialisé dans la gestion, pour le compte de gros promoteurs, des projets de construction d’immeubles de prestige, il a trouvé de nouveaux débouchés. « Il y a ici un grand potentiel en matière de compétence en ingénierie et en matériaux. C’est là un élément important pour les investisseurs du Golfe intéressés par de grands projets de construction en Tunisie. »
L’effervescence qui a accompagné le salon Medibat témoigne du dynamisme du pays en cette année 2007, année des grands projets. Et les privés, qu’ils viennent de Tunisie, d’Europe, du Moyen-Orient ou d’Asie, se frottent les mains. Car c’est un fait nouveau, plusieurs projets d’infrastructures du XIe Plan qui nécessitent d’importants capitaux seront réalisés selon la formule « Construisez, exploitez et transférez », le contrat ou la concession BOT (Build, Operate and Transfer), suivant l’expression consacrée.
Initialement prévu à 5 milliards de dinars, soit 1 milliard de dinars en moyenne et par an, comme dans le Xe Plan, le volume des investissements directs étrangers (IDE) attendu est tel que les responsables du plan ont dû revoir leurs projections à la hausse. « Nous espérons maintenant 8,5 milliards de dinars d’IDE pour les cinq prochaines années », déclare Nouri Jouini, ministre du Développement et de la Coopération internationale. De 2,8 % dans le Xe Plan, la part des IDE dans le PIB devrait atteindre 3,5 % dans le XIe. Au minimum : afin de ne pas forcer les tendances ni fausser les statistiques, les recettes issues des privatisations ou de certains investissements des promoteurs du Golfe n’ont pas été prises en compte, en raison de leur caractère « exceptionnel ».

Raffinerie de la Skhira
Parce qu’il abrite un terminal pétrolier relié aux gisements d’hydrocarbures du Sud algérien et tunisien par le pipeline de la Trapsa, c’est le site de la Skhira, dans le golfe de Gabès, qui accueillera le projet de raffinerie. La Libye s’est d’ores et déjà engagée à y construire un pipeline pour l’alimenter. Le site aura une capacité initiale de 6 millions de tonnes par an, en attendant une éventuelle extension. Une partie de la production sera réservée à la consommation locale, le reste sera destiné à l’exportation. Petrofac, spécialiste du raffinage basé en Grande-Bretagne, et Qatar Petroleum sont tous deux en lice pour emporter la concession. Début février, les négociations entre le gouvernement tunisien et les deux compagnies étaient toujours en cours. Mi-mars, Qatar Petroleum était donné favorite. Coût estimé : 1,8 milliard de dollars.

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Aéroport d’Enfidha
Construit sur le littoral à 70 km au sud de Tunis, l’aéroport d’Enfidha est destiné à répondre aux besoins croissants du trafic aérien dus au développement du tourisme (plus de six millions de visiteurs en 2006). Il a pour vocation de devenir un hub international. Sa capacité initiale est de 5 millions de passagers par an, et, selon les besoins, des extensions lui permettront d’atteindre 30 millions de passagers. Le régime de concession (BOT) prévoit la construction, l’exploitation et puis la restitution dans le domaine public à la fin de la période de la concession. Plusieurs investisseurs étrangers ont déjà remis leur offre. Coût estimé : 460 millions de dollars.

Port d’Enfidha
Le choix d’Enfidha pour abriter un port en eau profonde et ses zones d’activités logistiques a été fait à la lumière d’une étude de faisabilité technico-économique réalisée par le cabinet de conseil néerlandais Royal Haskoning et le bureau d’études tunisien International Development Consultants. La concession pour sa construction et son exploitation sera délivrée à une entreprise privée. L’objectif est d’en faire une plaque tournante de la Méditerranée centrale et, à terme, une étape du projet d’« autoroutes de la mer » que l’Union européenne envisage de mettre en place. Une zone logistique sera aménagée sur une réserve foncière de 3 000 hectares, avec un accès privilégié au port, à l’autoroute nord-sud, au réseau de chemin de fer, à l’aéroport et aux zones touristiques (Hammamet au nord, Sousse-Kantaoui au sud, et Hergla). Dubai World, leader mondial dans la gestion des ports, pourrait remporter la concession. Coût estimé du port et de ses dépendances : entre 1,3 et 2,6 milliards de dollars.

Assainissement de la côte de Sfax
À Sfax, deuxième ville de la Tunisie, le projet qui porte son ancien nom « Taparura » est particulièrement attendu. Il est destiné à mettre fin à une catastrophe écologique qui empoisonne la vie des Sfaxiens. Depuis plusieurs décennies, les côtes nord de la ville sont fortement polluées par des déchets industriels émanant d’une usine de transformation de phosphates jadis édifiée en plein centre-ville et maintenant désaffectée. « Taparura » vise à dépolluer une zone de 400 hectares, isoler 4 millions de m3 de déchets de phospho-gypse et métaux lourds, créer 3 km de plage, et aménager une zone urbaine sur 260 hectares viabilisés. Le premier coup de pioche pour l’assainissement du site a été donné en mars. Fin des travaux prévue en 2009. Coût : 97 millions de dollars (financement du gouvernement tunisien, de la Banque européenne d’investissement, de la France et de la Belgique).

Centrale électrique d’El-Haouaria
Projet tuniso-italien, une centrale électrique d’une capacité de 1 200 mégawatts (MW) sera construite sur le site d’El-Haouaria, au bord la mer Méditerranée, face à la Sicile. Cette centrale à cycle combiné sera principalement alimentée par le gaz arrivant du gazoduc algéro-italien. La production d’électricité destinée à l’Italie (800 MW) sera transportée par un câble sous-marin reliant les deux pays. Le 9 mars, les deux gouvernements ont décidé de créer un groupe de travail mixte chargé de finaliser le projet et les négociations. Coût estimé : 2 milliards de dollars.

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