L’option nucléaire

Publié le 26 mars 2007 Lecture : 2 minutes.

« Toutes les options sont ouvertes, notamment celle de l’électronucléaire pour la production d’électricité », a révélé Mohamed Boutaleb, le ministre marocain de l’Énergie et des Mines, lors d’un récent colloque à Marrakech (14-16 mars). Il y a un an, Younès Maamar, le directeur général de l’Office national d’électricité, avait déjà évoqué cette éventualité (J.A. n° 2364). Cette fois, le ministre s’exprimait devant un parterre de scientifiques venus du monde entier à l’occasion du démarrage du réacteur nucléaire expérimental Tigra Mark II, installé depuis 2003 à Maamora, près de Rabat. D’une puissance de 2 MW, il a été construit, pour 15 millions de dollars, par la société californienne General Atomics, grâce à un crédit de l’Eximbank américaine. Il est destiné à des travaux de recherche dans la médecine, l’industrie et la chimie.
Le retentissement des propos ministériels a largement dépassé la communauté scientifique. Le 20 mars, le quotidien espagnol El País a révélé que la question avait été abordée avec le président russe Vladimir Poutine lors de sa visite au Maroc, en septembre 2006. Et que la société d’État AtomStroyExport était disposée à construire la première centrale nucléaire marocaine. « Le Maroc avance prudemment, soutient perfidement l’éditorialiste. Il sait que ce projet est de nature à inquiéter l’Espagne et à éveiller des ambitions comparables en Algérie. » AtomStroyExport est par ailleurs impliquée dans la construction de centrales en Iran. D’où d’inévitables les soupçons. Qu’en est-il exactement ?
En matière d’électricité, le Maroc – comme d’ailleurs la Tunisie et, dans une moindre mesure, l’Algérie – ont atteint un taux de raccordement de la population proche de celui des pays riches (plus de 90 %). Tous sont aujourd’hui confrontés à la nécessité de produire toujours plus. La demande augmente chaque année d’environ 8 %, ce qui impose de construire chaque année une centrale d’une puissance comprise entre 300 MW et 600 MW. D’ici à 2010, des centrales éoliennes et au charbon (1 600 MW au total) devraient entrer en service au Maroc. Et de nouvelles centrales au gaz en Algérie (3 200 MW au total). La Tunisie, pour sa part, produit déjà plus qu’elle ne consomme.
Les besoins maghrébins en électricité sont ainsi satisfaits jusqu’en 2015. Ensuite, il faudra d’autres centrales, qui, dans le cas du Maroc, devront de préférence utiliser d’autres sources d’énergie que le pétrole ou le gaz, qu’il faut importer. Le charbon, par exemple. Ou l’atome. D’ici là, le pays pourrait avoir acquis la capacité technologique requise.
L’Algérie reste elle aussi dans la course. Début janvier, elle a accueilli une conférence sur la « contribution du nucléaire au développement de l’Afrique », présidée par l’Égyptien Mohamed el-Baradei, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). La Tunisie, plus pragmatique, souhaite augmenter sa puissance de production de 30 % d’ici à 2011.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires