Madagascar : Andry Rajoelina a prêté serment
Ce 19 janvier, Andry Rajoelina est (re)devenu officiellement le Président de la République de Madagascar. Lors de la cérémonie d’investiture, il a rappelé ses engagements à développer rapidement le pays.
Tout le stade se tient debout, silencieux, solennel. Dans les gradins, la mosaïque d’ombrelles et de drapeaux aux couleurs de Madagascar est statique, sous un soleil de plomb. Ce matin du 19 janvier, à 10h30, Andry Rajoelina gravit lentement les marches vers la tribune présidentielle, dans le stade de Mahamasina, au cœur de la capitale malgache, Antananarivo. En contrebas, les corps d’armée le saluent, épées face au visage.
Après quelques paroles protocolaires, l’homme de 44 ans, main levée et tournée vers son peuple, prête serment. Il devient officiellement le Président de la République de Madagascar. Le public éclate en applaudissements et en clameurs. Andry Rajoelina embrasse sa femme et ses enfants avant de signer les documents officiels et de recevoir les insignes du pouvoir, alors qu’une vingtaine de coups de canon retentissent dans l‘air.
Pour assister au spectacle, les gens se sont pressés dès 6 heures du matin, comme Jessy, 19 ans, étudiant en programmation informatique, qui confie à Jeune Afrique : « Le pays mérite Rajoelina. Je suis sûr qu’il m’aidera plus que ne l’aurait fait Ravalomanana. »
Chefs d’État et capitaines d’industries
Dans la tribune des officiels, se trouvaient beaucoup de personnalités politiques importantes pour le parti du nouveau président, le Mapar, comme les députés Tinoka Roberto, et Ninah, mais aussi des capitaines d’industries proches de Rajoelina depuis de longues années, comme Mamy Ravatomanga, PDG de Sodiat, et Naina Andriantsitohaina, président du conseil d’administration de la Banque malgache de l’océan Indien qui fut le coordinateur de la campagne de Rajoelina. Hassanein Hiridjee, le PDG du groupe Axian, était aussi au rendez-vous..
L’opposition politique était représentée notamment par le ministre de l’Industrie, fidèle à Ravalomanana, Guy Rivo Randrianarisoa, qui avait appelé, début janvier, à l’arrêt des « violences » contre les manifestants qui contestaient les chiffres des élections.
Les trois anciens chefs d’État, Didier Ratsiraka, Hery Rajaonarimampianina et Marc Ravalomanana assistaient au spectacle depuis la tribune présidentielle, avec, derrière eux, Norbert Lala Ratsirahonana, ancien chef d’État par intérim, qui a ensuite conseillé successivement « Marc », « Andry », « Hery », puis « Andry » de nouveau. Dans cette tribune avait aussi pris place Alphonse Maka, le président du conseil de réconciliation malgache, très impliqué dans l’unité nationale.
Tout proches étaient installés les autres chefs d’État invités pour l’occasion : le présidents du Ghana, Nana Akufo-Addo, le président de la Guinée, Alpha Condé, le président de la Namibie et président en exercice de la SADC, Hage Geingob, le président de la Zambie, Edgar Lungu, le président de l’Union des Comores, Azali Assoumani.
Ont aussi répondu présent le vice-président de la Côte d’Ivoire, Daniel Kablan Duncan, l’ancien président du Mozambique et de l’Union africaine, Joaquim Chissano, le vice-président des Seychelles, Vincent Meriton et l’ancien président français Nicolas Sarkozy. Ce dernier a d’ailleurs eu tout loisir de discuter avec ses voisins de table, Andry Rajoelina et Alpha Condé, la veille, dans le salon panoramique de l’hôtel Carlton, lors d’un dîner avec tous les présidents.
Appel à l’unité
Dans le stade, l’envoyé officiel de la France, le secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères Jean-Baptiste Lemoyne, se tenait avec les autres VIP, dans les gradins. La France était aussi représentée par le président Région de La Réunion, Didier Robert. En tout, 35 pays et organismes internationaux ont envoyé des représentants.
Prenant la parole après son investiture officielle, Andry Rajoelina a salué les trois ex-présidents présents et dit un mot en mémoire du président défunt, Albert Zafy. Il a félicité la Ceni pour « l’accomplissement de sa mission cruciale », et salué la « droiture et la neutralité » de la HCC. « Comme un bateau à voiles, le peuple malagasy vacille, tangue, mais jamais il ne sombre. Vous tous, je vous conduirai à bon port, le port du développement, de l’émergence et de la réussite. Nous allons rétablir la fierté nationale. »
Il a insisté sur ses engagements pour développer le pays. « On me surnomme TGV. Seul, je marche vite, mais ensemble nous irons loin. J’ai besoin de chaque force vive de la nation. (…) Le projet de la nouvelle ville sera la vitrine de l’océan Indien. Un projet symbolique qui sortira de terre cette année même. »
Andry Rajoelina a aussi rappelé le caractère particulier de l’endroit. L’enceinte de Mahamasina -littéralement, « qui rend sacré »- contient en effet une roche importante dans des croyances traditionnelles. Le premier président de Madagascar, Philibert Tsiranana, a proclamé l’indépendance sur cette même pierre, le 26 juin 1960. C’est aussi dans cette plaine de Mahamasina, avant la construction du stade, que fut couronné le roi Radama II en 1861.
Le futur gouvernement attendu pour le début de semaine
À l’issue d’un défilé et d’une revue militaire qui ont clôturé la cérémonie, les officiels se sont tous dirigés vers une imposante réception au palais présidentiel d’Iavoloha : un repas aux 2 200 invités. C’est là que, la veille, le président sortant Hery Rajaonarimampianina avait officiellement passé les pouvoirs à Andry Rajoelina, après s’être entretenu une quarantaine de minutes à huis clos avec lui. Immédiatement après la fin de la cérémonie, le staff de la présidence avait décroché le portrait de « Hery » du mur…
Dans l’après midi de ce samedi, le gouvernement Ntsay a démissionné. « Mais, comme cela se fait toujours à Madagascar, les ministres restent en place pour expédier les affaires courantes jusqu’à la nomination du nouveau gouvernement qui devrait tomber d’ici à mercredi prochain », explique à Jeune Afrique Lalatiana Rakotondrazafy, collaboratrice proche de Rajoelina et directrice générale de Free FM.
Après l’investiture, Jean-Baptiste Lemoyne et Didier Robert ont encouragé à « conforter » les liens entre la France et Madagascar. Quant à Marc Ravalomanana, après l’investiture, il a pris son temps pour rejoindre sa voiture, un sourire toujours accroché aux lèvres. Évoquant le déroulement pacifique des élections, il a déclaré : « Les autres chef d’État africains devraient prendre exemple sur Madagascar. »
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