Héritiers d’eux-mêmes

Publié le 26 mars 2007 Lecture : 2 minutes.

Uri Geller affirme qu’il utilise ses facultés mentales pour arrêter les pendules, mais il ne se prétend pas capable de remonter le temps. C’est pourtant ce que font Benyamin Netanyahou et Ehoud Barak, ces deux magiciens cosmiques. Les échecs qu’ils ont connus dans le passé ne les empêchent pas de revenir en grande pompe comme si, dans ce pays, l’échec n’était que la condition préalable d’un retour glorieux. Vous échouez, vous revenez. Et ils ne se cherchent pas un successeur, ils se succèdent à eux-mêmes.
Autre point commun : tous deux jurent qu’ils ont changé, ils ne sont plus ceux que l’on a connus. Comment pouvons-nous savoir qu’ils ont vraiment changé ? Allons-nous simplement ajouter foi à ce qu’ils disent ? Comme dans n’importe quel procès, le jury – c’est-à-dire l’opinion publique – doit s’appuyer sur un éventail de preuves et témoignages, mais, cette fois, elle aura du mal à prononcer son verdict : jusqu’à présent, il n’y a eu aucun aveu de faute ou d’erreur. Les deux revenants se refusent à évoquer leur douteux passé.

Aucun repentir, aucun remords. Netanyahou ne regrette pas d’avoir enlevé le pain de la bouche à des centaines ou des milliers de familles et de les avoir laissées dans la misère. Barak ne regrette pas d’avoir raté les négociations avec la Syrie et laissé Bachar al-Assad se faire courtiser par l’Iran, tandis que Hassan Nasrallah était chouchouté par l’Iran et la Syrie. Si Barak n’avait pas été pris de panique dans les hauts-fonds des rivages orientaux du lac Kinneret, la seconde guerre du Liban n’aurait pas eu lieu. Beaucoup d’eau a coulé dans le Jourdain depuis – et aussi beaucoup de sang.
Ces deux chevaux de retour ne proposent rien de neuf. Jusqu’ici, aucune variation de leurs précédents projets sociaux et diplomatiques n’a été présentée au public. C’est toujours de l’histoire ancienne, non seulement les mêmes personnages, mais aussi les mêmes idées. Les vieux chanteurs qui reviennent sur scène rafraîchissent toujours leur répertoire avec quelques chansons nouvelles, pour ne pas avoir l’air trop décatis. Là, pas de nouvelles chansons, pas de message revigorant, pas de rêve. « Le rêve, c’est fini », dit Barak. Qu’attendre de leaders qui ne bâtissent pas l’avenir sur des rêves, mais sur leur disparition ? Sans rêves, le cauchemar continuera.

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Rien non plus n’invite à un pardon qui se conclurait par une glorieuse résurrection. Les années que Barak et Netanyahou ont passées au réfrigérateur (plutôt douillet) n’ont rien changé à leurs orientations ni contribué à restaurer leur crédit. Aucun des deux ne s’est guéri de sa passion pour les confortables voyages à l’étranger. Tous les deux se sont enrichis et n’ont guère paru se faire du souci pour Sderot et Kiryat Shmona malgré les épreuves que ces deux villes ont traversées. L’un suivait l’actualité dans sa résidence de Césarée, l’autre des hauteurs des somptueuses tours Akirov, à Tel-Aviv. Même copinage, mêmes confidents, mêmes portes ouvertes à des personnages douteux. Netanyahou réécrit l’Histoire à sa manière, Barak peaufine ses Mémoires

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