Uranium : « Les prix resteront déprimés au moins cinq ans »
Magnus Ericsson, directeur associé chez SNL Metals & Mining, analyse l’évolution des cours de l’uranium pour « Jeune Afrique ».
Au milieu des années 2000, l’uranium issu du démantèlement de l’arsenal militaire de l’ex-URSS, qui a approvisionné un temps l’industrie nucléaire civile, s’est tari. Les industriels du secteur ont alors investi dans des filières minières, pariant sur une demande massive d’uranium et une hausse des prix. Mais la catastrophe de Fukushima, le 11 mars 2011, a mis un terme à cette euphorie pour le yellow cake. L’annonce consécutive à cet événement de la fin des programmes nucléaires au Japon, en Allemagne, mais aussi plus récemment en Afrique du Sud, a déprimé le marché pour longtemps.
Aggravation de la chute
Tandis que la demande chutait, la production continuait à progresser, passant de 41 000 tonnes en 2000 à 63 000 t en 2010, puis environ 69 000 t en 2012, ce qui a aggravé la chute des prix. Sur cette production, environ 20 % viennent d’Afrique, dont 5 000 t de Namibie – où opère Rio Tinto -, 4 500 t du Niger – où Areva est bien implanté – et 1 500 t du Malawi. Le Kazakhstan est toujours le principal producteur de la planète, avec quelque 25 000 t d’uranium extraites en 2013.
Les prix resteront d’un faible niveau longtemps encore. Seule la demande de pays émergents comme la Chine, l’Iran et l’Inde, ou de pays développés telle la Finlande, qui gardent une politique nucléaire forte, permettra d’inverser la tendance, mais cela n’arrivera pas avant cinq à dix ans.
Jouer la montre
Dans un tel contexte, on comprend que les négociations entre Areva et le gouvernement nigérien sur la prolongation de droits miniers s’éternisent. Le groupe nucléaire français, cinquième producteur mondial d’uranium (le premier étant le canadien Cameco), n’a pas besoin de ce minerai de façon urgente. Il peut se permettre de jouer la montre.
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