Côte d’Ivoire : Pisam se refait une santé

Grâce à un plan d’investissement massif, le plus grand établissement privé d’Abidjan entend rivaliser avec les meilleurs hôpitaux africains. Le but : attirer des patients de toute la région.

Pisam a vu le jour en 1985. © Jeune Afrique

Pisam a vu le jour en 1985. © Jeune Afrique

Publié le 11 septembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Près de trente ans après sa création, la polyclinique internationale Sainte-Anne-Marie prend un nouveau départ. Le PDG, Éric Djibo, qui a succédé à son père – décédé en février dernier – à la tête de la Société de gestion médicale (Sogemed-Pisam) qui contrôle cet hôpital privé prévoit d’investir 50 millions de dollars (près de 38 millions d’euros) sur cinq ans. Une somme qu’il s’apprête à emprunter auprès d’un pool de banques locales d’ici à la fin de l’année.

D’après nos informations, le projet pourrait recevoir l’appui de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et celui de la Banque africaine de développement (BAD), qui prépare le retour de ses équipes à son siège, situé à Abidjan.

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Rayonnement

Dans un premier temps, 16 millions de dollars serviront à acquérir un appareil d’IRM dernier cri, à rénover le bloc opératoire, l’unité de soins intensifs et le département de radiothérapie, ainsi qu’à créer un étage pour les patients VIP. Une seconde phase prévoit la construction d’un centre de traitement du cancer et des équipements de chirurgie robotique.

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À l’instar d’autres établissements de la région (lire encadré), Pisam veut attirer les patients d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. Cet hôpital, créé en 1985 et détenu par les familles des professeurs William Djibo, Samba Diarra et Kébé Mémel, avait atteint un rayonnement régional dans le passé. « Mais, en raison de la crise ivoirienne, nous avons dû geler tous les investissements, alors que la Sogemed-Pisam avait toujours financé son développement sur fonds propres », explique Éric Djibo, qui a démissionné de son poste de directeur général de Nurevas Food au Ghana pour reprendre les rênes de l’entreprise.

En raison de ce sous-investissement, la clinique a perdu plus de 50 % des revenus qu’elle tirait de la clientèle internationale. Mais elle réalise encore un chiffre d’affaires de 15 millions de dollars en 2013, et reste un poids lourd dans le secteur privé de la santé avec 13,5 % de part de marché dans le pays et 4 500 admissions par an.

Profession médecin-entrepreneur

Les cliniques cherchent à combler le déficit de l’offre publique de soins et à répondre aux exigences accrues des patients. À Dakar, Imagerie moderne du Sénégal (Imodsen) a été créée en 2009 par Hussein Bahsoun, un chirurgien d’origine franco-libanaise, grâce à un investissement de 5,3 millions d’euros. L’établissement attire des patients de la Gambie au Burkina Faso, et même d’Afrique centrale.

À Lomé, la clinique Biasa, spécialisée notamment dans l’assistance à la procréation, a ouvert son capital au fonds Aureos. Elle a récemment investi 3,8 millions d’euros pour tripler sa capacité d’accueil, de 24 à 80 lits, avec là aussi l’ambition d’attirer davantage de patients originaires des pays voisins.

Reconquête

L’établissement suscite donc les convoitises. En mai, le réseau Aga Khan Development Network (AKDN) se serait porté acquéreur pour 7,5 millions de dollars sans le passif.

Le groupe marocain d’assurances Saham, qui a lancé en avril Saham Santé, une filiale spécialisée dans la gestion des cliniques, aurait lui aussi approché la direction de Pisam.

Mais, pour l’instant, celle-ci affirme se concentrer sur ses objectifs de développement. Avec sa nouvelle stratégie, qui a le soutien des autorités ivoiriennes, elle entend se doter d’infrastructures capables de rivaliser avec celles de ses concurrents, au Maghreb voire dans les pays occidentaux, afin de reconquérir les parts de marché perdues.

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