Ebrahim Fakir

Chercheur au Centre d’études politiques de Johannesburg

Publié le 26 mars 2007 Lecture : 2 minutes.

L’African National Congress (ANC) ?est-il encore très populaire malgré les difficultés qu’il traverse ?
Il est encore largement dominant, même si sa légitimité n’est pas éternelle. Les scrutins locaux ont montré que les Sud-Africains se sentent de moins en moins bien représentés par l’ANC. Le parti va devoir redéfinir son identité même. Est-il un parti de libération, un mouvement social, un membre d’une alliance ou un parti politique moderne ? Jusqu’à maintenant, il a joué sur l’un ou l’autre tableau en fonction des buts recherchés. Mais il faudra probablement être plus clair à l’avenir.
Quelles sont, pour l’ANC, les conséquences de l’affaire Zuma, du nom de l’ancien vice-président poursuivi pour corruption et pour viol ?
Elle a révélé une scission grandissante au sein du parti tout comme au sein de l’alliance tripartite que celui-ci forme avec la Cosatu (centrale syndicale) et le Parti communiste (SACP). Mais est-ce dû seulement au scandale Zuma ? Les deux grands courants qui divergent aujourd’hui ne sont-ils pas le produit de l’évolution naturelle d’une alliance qui est peut-être obsolète ? De nouveaux enjeux sont apparus en Afrique du Sud, qui dépassent la révolution démocratique de 1994. Comme celui de la redistribution des richesses sur lequel la Cosatu, le SACP et l’aile gauche de l’ANC sont plus progressistes que les dirigeants actuels.
Quel est le portrait-robot du meilleur candidat de l’ANC pour l’élection de 2009 ?
Il faut qu’il adhère aux principes de non-racisme, de non-sexisme et de démocratie, évidemment. Mais il faut que le candidat ait réellement la volonté de mettre en place une meilleure politique de redistribution des richesses et qu’il soit en mesure d’assurer l’unité de l’alliance. Il faut qu’il ait suffisamment d’assise au sein du parti pour ne pas se laisser déborder. Enfin, il faut qu’il ait suffisamment de charisme pour continuer à faire de l’Afrique du Sud un pays fort dans le monde.
Quelles sont les personnalités qui correspondent à ce profil ?
Cyril Ramaphosa, Tokyo Sexwale, Mosiua Lekotha, Phumzile Mlambo Ngcuka, Nkosazana Dlamini-Zuma, entre autres. Et, dans une certaine mesure, Jacob Zuma, même si ses déboires judiciaires ont atteint sa réputation. En Afrique du Sud, il ne faut pas réduire la politique à des personnalités. Le candidat ne pourra s’affranchir des lignes dessinées par le comité exécutif de l’ANC. Au niveau international, il ne pourra prendre d’autres options que de favoriser le multilatéralisme et agir en collaboration avec la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC) et l’Union africaine (UA).
Mbeki peut-il rester à la présidence de l’ANC ?
Rien ne l’en empêche. Mais l’ANC joue gros. S’il garde Mbeki à sa tête, il y aura deux centres de pouvoir : la présidence de l’ANC et celle du pays. Cela deviendrait ingérable. On a déjà parfois du mal à savoir exactement qui dirige l’État. Sans compter que la crédibilité de Mbeki a été atteinte depuis l’affaire Zuma. Sa gestion complexe du problème du sida n’a pas aidé non plus. Peut-être ne voudra-t-il même pas se représenter

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires