Mustapha Filali, l’un des bâtisseurs de la Tunisie moderne, est décédé
Plus jeune constituant en 1959, syndicaliste, plusieurs fois ministre sous la présidence de Habib Bourguiba, Mustapha Filali est décédé dimanche 20 janvier à l’âge de 97 ans.
Attentif et pertinent, Mustapha Filali donnait à ses interlocuteurs, sans jamais manquer d’une certaine humilité, l’impression d’être unique. Pourtant, cet homme tout petit mais pétillant pouvait se prévaloir de compter parmi les bâtisseurs de la Tunisie moderne. C’est avec toute la discrétion dont il ne s’est jamais déparé que ce patriote engagé au service de la Tunisie s’est éteint, dimanche 20 janvier.
Plus jeune constituant en 1959, plusieurs fois député, cet originaire de la région de Kairouan a forgé son expérience politique en faisant ses armes au Parti socialiste destourien (PSD), dont il deviendra directeur en 1971. Admiratif du leader syndicaliste Farhat Hached, il avait débuté son parcours à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), et contribué au programme économique et social qui sera mis en œuvre par le premier gouvernement de la Tunisie indépendante.
Retour après la révolution
Ayant choisi le camp de Bourguiba plutôt que celui de son rival Salah Ben Youssef, il se distingue en tant que ministre de l’Agriculture par sa restructuration du département, et en rendant effective la dissolution de l’institution des Habous (biens de main morte). Après un passage au ministère de l’Information, il s’éloignera de l’exécutif pour conduire la Commission permanente consultative maghrébine (CPCM), germe de l’édification du Maghreb arabe, puis dirigera le bureau d’Alger de l’Organisation internationale du travail (OIT).
À la chute du régime de Ben Ali, ce professeur de littérature arabe qui avait fait ses études à la Sorbonne (Paris) retrouve tout son allant et s’engage dans les débats publics. Mettant à profit son expérience politique et ses qualités de pédagogue, il rejoint la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, qui jette les bases d’une constituante. Avec Ahmed Mestiri, l’un de ses compagnons de route, il multipliera les initiatives mais déclinera toutes les propositions d’intégrer un gouvernement, dont celle de mener une équipe de transition en 2013.
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