Touche pas à mon patrimoine !

Quand les parlementaires marocains refusent la transparence.

Publié le 27 février 2007 Lecture : 2 minutes.

Abus de pouvoir, détournements de fonds, blanchiment d’argent, trafic d’influence, passe-droits, népotisme, clientélisme La corruption s’aggrave d’année en année au Maroc, au point de devenir une sorte de « composant organique » de la société. À en croire le classement de la perception de la corruption dans le monde établi chaque année par l’ONG Transparency International, le royaume est passé du 45e rang en 1999 au 79e rang (sur 163), sept ans plus tard.
À l’approche d’élections législatives cruciales sur lesquelles plane le spectre d’une montée en puissance des islamistes, qui ont fait de la lutte contre ce fléau leur cheval de bataille, le gouvernement s’efforce de démontrer qu’il a pris le problème à bras-le-corps. Le 31 janvier, il a enfin ratifié la convention des Nations unies signée quatre ans auparavant. Conformément à l’article 6 de ce texte, une Instance centrale de prévention de la corruption (ICPC) a été mise en place. Et une série de mesures adoptées, notamment l’obligation faite aux élus locaux, fonctionnaires et magistrats de déclarer leur patrimoine.
« Reste à voir comment ce dispositif va être appliqué », relativise Azzeddine Akesbi, le secrétaire général de Transparency Maroc. « L’important, c’est la mise en uvre, confirme Théodore Ahlers, directeur du département Maghreb à la Banque mondiale. Il faut absolument réduire l’injustice qui, pour les citoyens, consiste à verser des pots-de-vin pour des services qui leur sont dus. »
Les autorités chérifiennes semblent par ailleurs conscientes de la nécessité d’accroître la surveillance des banques et des institutions financières, de diligenter des procédures judiciaires en cas de soupçon de corruption et de doter les instances de surveillance d’un réel pouvoir coercitif. Enfin, elles se sont engagées à instaurer davantage de transparence lors de la passation des marchés publics.
Reste à sensibiliser les élus à la question. Apparemment, la partie n’est pas gagnée d’avance. Le 12 février, fait rarissime dans l’histoire parlementaire marocaine, les représentants de la seconde Chambre ont tout bonnement refusé d’examiner le projet de loi gouvernemental contraignant les élus à déclarer leur patrimoine. Un revers inattendu pour le Premier ministre Driss Jettou, qui a vertement rappelé à l’ordre sa majorité. Finalement, le texte devrait être examiné prochainement, mais l’épisode risque d’ajouter au discrédit dont souffrent les partis traditionnels. Et faire le jeu des islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD), seule grande formation à n’être pas associée au pouvoir.

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