Retour sur la scène internationale

Publié le 27 février 2007 Lecture : 2 minutes.

Sur le plan diplomatique, le CMJD et surtout son président, Ely Ould Mohamed Vall, ont réussi leur entreprise de charme. À la fin du régime Ould Taya, la Mauritanie était de plus en plus isolée dans le concert des nations, y compris africaines, ses voisines. Seuls les États-Unis soutenaient encore Nouakchott. Rapidement après le 3 août, elle fait sa réapparition sur la scène internationale. Par principe, les chancelleries, de Paris à Washington en passant par Bruxelles et Addis-Abeba, condamnent la prise de pouvoir par la force. Mais les projets des nouveaux hommes forts de Nouakchott convainquent les diplomates que la transition vaut la peine d’être accompagnée. Dans la semaine qui suit le coup d’État, une délégation de la Commission de l’Union africaine (UA) se rend en Mauritanie. Des contacts sont établis avec les États-Unis. Conformément à la Convention de Cotonou, une délégation mauritanienne emmenée par le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Ould Sid’Ahmed, se rend à Bruxelles en décembre pour prouver ses bonnes intentions. La Mauritanie finit par obtenir la clémence de l’Union européenne (UE) et même, en février 2006, une enveloppe de 6 millions de dollars en soutien à la transition. Les États-Unis, l’Union africaine (UA), l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) apportent aussi leur appui par l’envoi d’observateurs durant les élections. Le 26 septembre 2006, Ely Ould Mohamed Vall reçoit un brevet de respectabilité : il est accueilli à Paris par le président Chirac.
Manifestement décidé à faire jouer au pays son rôle de trait d’union entre le nord et le sud du continent, rôle que lui avait assigné son premier président, Mokhtar Ould Daddah, Ely Ould Mohamed Vall fréquente ses voisins subsahariens. Avec le Sénégal, où il est né (à Louga, dans le Nord), la hache de guerre est définitivement enterrée : le président Abdoulaye Wade se rend à Nouakchott en janvier 2006, et Ely Ould Mohamed Vall le retrouve à Dakar trois mois plus tard, en grande pompe. Le président du CMJD rencontre également son homologue gambien, Yahya Jammeh, à Banjul, et pousse la diplomatie jusqu’à Ouagadougou, scellant ainsi la réconciliation avec le Burkina, soupçonné par le régime de Ould Taya de soutenir les putschistes de 2003. En décembre dernier, il est à Abuja, pour le sommet Afrique-Amérique latine.
Avec le nord du continent, l’exercice est délicat. « Nous sommes entre deux coépouses », s’amuse un élu mauritanien, évoquant le Maroc et l’Algérie. Au lendemain du 3 août, Ely Ould Mohamed Vall, formé au Maroc, reçoit un envoyé spécial du roi Mohammed VI. Une convention de coopération est signée avec Rabat en novembre 2005. En mars 2006, l’équilibre avec Alger est rétabli : une série d’accords, portant notamment sur les hydrocarbures et sur un projet de route, sont signés. Les relations avec le monde arabe se renforcent : en février 2006, Ely Ould Mohamed Vall se rend au Qatar (où son prédécesseur vit en exil) ; en février dernier, une ambassade soudanaise est inaugurée à Nouakchott, lors de la visite du président Omar el-Béchir. Enfin, les relations avec Israël, établies en 1999 avec l’ouverture d’une ambassade à Nouakchott, sont la grande inconnue du futur mandat : le CMJD ne les a pas remises en question, mais leur rupture fait partie de certains programmes électoraux.

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