Législatives au Bénin : l’opposition peine à s’accorder sur les contours d’une liste unique

Si les partis de l’opposition ont récemment annoncé leur volonté d’aller aux législatives du 28 avril prochain avec une seule liste, plusieurs sujets de discorde, dont le choix de la tête de liste, mettent à mal leur stratégie politique.

Une femme vote pour la présidence à Porto Novo, au Bénin, le dimanche 13 mars 2011. Photo d’illustration. © Valentin Salako/AP/SIPA

Une femme vote pour la présidence à Porto Novo, au Bénin, le dimanche 13 mars 2011. Photo d’illustration. © Valentin Salako/AP/SIPA

Fiacre Vidjingninou

Publié le 22 janvier 2019 Lecture : 2 minutes.

On pensait leurs rangs serrés depuis l’« accord de principe » acté par les principales forces politiques de l’opposition, le 16 janvier dernier. Après plusieurs semaines de tractations – notamment conduites par l’ancien président Thomas Boni Yayi –, le principe d’une « liste unique » de l’opposition en vue des législatives du 28 avril 2019, « sous une seule et même bannière », annonçaient-ils dans leur communiqué, a ainsi été validé.

« Les partis, forces, mouvements et personnalités politiques engagés dans et alliés de la Coalition pour la défense de la démocratie (CDD), ont donc décidé de se donner les moyens de poursuivre leurs actions […] à travers une liste unique », soulignaient-ils dans leur texte, notamment ratifié par les Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE) de Boni Yayi, la Renaissance du Bénin (RB) de l’ancien président Nicéphore Soglo et l’Union sociale libérale (USL) de Sébastien Ajavon.

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Un comité de suivi restreint a même été mis en place pour « faciliter la mise en œuvre de l’impérieuse liste unique ».

Mais sur le terrain, le projet peine à avancer en raison de querelles intestines.

Invectives en interne

Certaines manœuvres de leadership au sein de l’opposition ont récemment été révélées au grand jour par Candide Azannaï, ancien ministre démissionnaire du président Patrice Talon et chef du parti Restaurer l’espoir (RE). Dans un document audio qui a fait le tour des réseaux sociaux, il a notamment dénoncé les velléités de domination de certaines forces politiques au nom de leur capacité financière et de leur poids politique. Candide Azannaï y dénonçait, entre autres, « l’arrogance financière » affichée par certains responsables du parti USL.

« Avec tout ce que Azannaï a raconté sur le manque de probité du leader de l’USL [Sébastien Ajavon, ndlr], je crois qu’il n’y a aucune chance que ces deux soient sur la même liste », analyse Tanguy Atindéhou, journaliste politique.

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Quelle formation en tête de liste ?

L’autre point de discorde – le principal selon plusieurs sources au sein de l’opposition –, n’est autre que le choix de la formation qui sera chargée de conduire ladite liste. Aucune entente ne semble se dessiner à l’horizon : fin décembre, lors d’un congrès extraordinaire, le parti FCBE avait exprimé officiellement sa volonté de conduire la liste unique ; et l’USL de Sébastien Ajavon nourrit la même ambition.

De même, le positionnement entre les candidats pour la confection de la liste unique ne fait pas l’unanimité. « L’opposition n’a plus le temps de s’entendre et de confectionner sereinement une liste unique avant le dépôt des listes de candidats prévu entre le 21 et le 27 février », analyse un observateur de la vie politique, avant d’ajouter : « Elle n’a aucune chance si elle ne présente pas une liste unique ».

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L’opposition manque d’« un peu de courage, un petit don de soi et un engagement » pour concrétiser ce projet politique, selon Éric Houndété, premier vice-président de l’Assemblée nationale et député de l’opposition.

Pendant ce temps, le camp présidentiel, réparti en deux blocs (républicains et progressistes), affiche une certaine cohésion même si « lui aussi n’est pas à l’abri d’une implosion lors des positionnements sur les listes », souligne Tanguy Atindéhou.

Le 28 avril prochain, plus de 5 millions de Béninois sont convoqués à l’élection des 83 députés, qui seront officiellement investis le 10 mai 2019.

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