3 questions à Mohamed Achâari

Publié le 27 février 2007 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Quel bilan peut-on tirer de cette 13e édition du Siel ?
Mohamed Achâari : Nous avons voulu faire de ce salon un véritable rendez-vous des professionnels et le transformer en espace d’échanges entre éditeurs, auteurs et lecteurs. Le pari n’était pas gagné. Le Siel a longtemps été organisé sur le modèle d’une foire, axée sur le livre bon marché, davantage conçu pour les libraires que pour les éditeurs. Le niveau était assez médiocre, les gens se marchaient dessus, aucune des règles en vigueur dans le milieu n’était respectée. C’était devenu un souk. Résultat : les maisons d’édition sérieuses avaient fini par le bouder, effrayées par la cohue et le manque d’espace. Les auteurs aussi. Le salon ne remplissait pas son rôle de vitrine de la création littéraire, souffrait de l’absence d’exposants étrangers. Le livre bon marché d’inspiration islamisante y tenait le haut de l’affiche. Nous avons souhaité corriger cette dérive.

Les islamistes du PJD ont vivement contesté votre décision ?d’interdire la présence de certains livres religieux pendant le salon
Les élections approchent, et le PJD est déjà en campagne. Mais c’est une polémique stérile et sans fondement. Les livres religieux n’ont jamais été interdits, et, d’ailleurs, prendre une telle décision n’est pas de mon ressort. En revanche, en tant qu’organisateur du salon, j’ai le droit et même le devoir de fixer certaines règles professionnelles. Celles qui sont en vigueur dans les manifestations internationales d’envergure comparable. Et qui tiennent par exemple à la diversité des uvres exposées, au respect des droits d’auteur, etc. Nous avons aussi veillé à ce que les livres de propagande obscurantiste appelant à la haine, prônant l’intolérance ou rabaissant la femme n’envahissent pas les présentoirs. En réalité, l’évolution du salon déplaît à nos détracteurs islamistes, car il est en train de se transformer en véritable espace de dialogue et de rencontre avec la culture moderne dans toute sa diversité.

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L’affluence a-t-elle été à la hauteur de vos espérances ?
Nous avons dépassé les 500 000 visiteurs l’an passé, nous ne battrons peut-être pas ce record, mais nous ne faisons pas une obsession du chiffre. L’idée qui nous anime, c’est de réussir à toucher de nouvelles cibles, à drainer un public exigeant, averti, disposant d’un certain pouvoir d’achat, de l’intéresser à l’actualité de ce salon, d’où l’organisation de nombreux débats et conférences au cours de la quinzaine. Il ne s’agit pas d’un parti pris élitiste, mais de pragmatisme. On ne doit pas oublier que l’édition est aussi un secteur économique, encore assez fragile, même si sa santé s’est améliorée, et qu’il a besoin de rencontrer sa clientèle. Une manifestation telle que le Siel doit l’y aider.

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