La retraite de Bassora

Publié le 27 février 2007 Lecture : 2 minutes.

A quelques mois de son départ du 10, Downing Street, Tony Blair n’a, dit-on, qu’un seul vu : ne pas figurer au panthéon des Premiers ministres britanniques plus connus pour leurs fiascos diplomatiques que pour leurs réussites en politique intérieure. D’Anthony Eden (Suez) à lord Salisbury (guerre des Boers), en passant par Robert Peel, qui présida au désastre de la guerre anglo-afghane de 1840, la liste de ceux qui ont entraîné le Royaume-Uni dans des aventures inutiles est longue.
Avec la volonté de ne pas lier les mains de Gordon Brown, son probable successeur, mais aussi de minimiser l’ampleur de la défaite annoncée du Labour aux élections locales et régionales de début mai, ce bien tardif souci d’image est directement à l’origine de l’annonce, le 21 février, d’un retrait progressif des troupes britanniques d’Irak. Sur un contingent d’un peu plus de 7 000 hommes, 2 000 auront quitté les provinces de Bassora et de Maysan d’ici à la fin de l’année, le départ des 5 000 autres devant s’échelonner jusqu’à la fin de 2008.
Outre le fait que les Britanniques laisseront derrière eux une situation passablement chaotique – les milices chiites de l’Armée du Mahdi et de la Brigade Badr n’attendant que leur effacement pour en découdre avec l’armée irakienne -, cette « politique de la retraite », comme dit avec agacement le vice-président américain Dick Cheney, isole un peu plus l’administration Bush et renforce les pressions qu’exerce sur elle la majorité démocrate au Congrès. En dehors des Sud-Coréens, prudemment installés dans la région largement pacifiée du Kurdistan, des Australiens et des Polonais (déployés dans le Sud chiite), ainsi que des Géorgiens, que le commandement US utilise comme supplétifs à Bagdad, la « grande coalition » de 2003 ne compte plus aucun contingent significatif. À l’exception, bien sûr, des Américains : 132 000 hommes aujourd’hui, 154 000 d’ici à la fin de cet été, selon les plans du Pentagone.
Un sentiment de solitude encore renforcé à Washington par les toutes dernières déclarations de ce même Blair à propos du nucléaire iranien et, surtout, du conflit israélo-palestinien. Le Premier ministre approuve l’accord conclu à La Mecque en vue de la mise en place d’un gouvernement palestinien d’union nationale et se dit même favorable à un dialogue avec le Hamas. Soit exactement le contraire de ce que martèle, chaque jour, Condoleezza Rice. Sa volonté de rachat pour la postérité suscite, on le voit, une audace insoupçonnée chez Tony Blair. « Gardez-moi de mes amis »

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