Guérilla politico-judiciaire

Publié le 27 février 2007 Lecture : 2 minutes.

« Selon la Constitution nigériane, le chef de l’État n’a pas le pouvoir de déclarer vacante la fonction de vice-président », a tranché, le 20 février, Umar Abdullahi, le président de la cour d’appel. En décembre 2006, Atiku Abubakar ayant démissionné du People’s Democratic Party (PDP), le parti au pouvoir, pour rejoindre une autre formation, l’Action Congress (AC), Olusegun Obansanjo avait aussitôt tenté de le démettre de ses fonctions de vice-président. Pour le chef de l’État, c’est donc un véritable camouflet : Abubakar restera en place jusqu’à l’échéance normale, le 29 mai, et continuera de bénéficier de son immunité.
Mais la décision de la cour d’appel ne dissipe qu’en partie la confusion qui règne au sommet de l’État à l’approche des élections générales du mois d’avril (qui comportent quatre scrutins : élection des gouverneurs et des assemblées locales le 14 avril, législatives et présidentielle le 21). Depuis qu’en mai 2006, Abubakar s’est, de concert avec le Parlement, opposé à la volonté d’Obasanjo de modifier la Constitution pour briguer un troisième mandat, rien ne lui est épargné.
En septembre, un rapport de la Commission de lutte contre les crimes économiques et financiers (EFCC) le soupçonne d’avoir détourné 125 millions de dollars de fonds publics, ce qu’il s’empresse de dénoncer comme une manuvre du chef de l’État visant à l’empêcher de briguer la présidence. Le 6 février dernier, cette même EFCC fait figurer son nom dans une liste de 135 candidats jugés trop corrompus pour occuper des fonctions électives. Il est vrai qu’il s’est entre-temps porté candidat à la présidentielle sous la bannière de l’AC Deux jours plus tard, des fuites en provenance de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) révèlent que, pour les mêmes raisons, il a été déclaré inéligible. L’AC a jusqu’au 20 février pour présenter un autre candidat, ce qu’elle se garde bien de faire, Abubakar ayant, ce même jour, retrouvé son immunité. Dès le lendemain, le gouvernement fédéral a porté la décision de la cour d’appel devant la Cour suprême. Un feuilleton politico-judiciaire digne de Nollywood !

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