Extinction des feux à tous les étages

Publié le 27 février 2007 Lecture : 2 minutes.

Comme beaucoup de Parisiens, j’ai assisté avec surprise à l’éclosion d’êtres d’une espèce nouvelle : le bipède à bec fumant. Depuis la loi antitabac du 1er février dernier qui interdit de fumer dans les lieux publics de l’Hexagone, les cigarettes-addict ont dû faire leur nid sur les trottoirs. Plus question de s’en griller une confortablement installé dans son bureau en enfumant des collègues réfractaires à la nicotine ! Désormais, c’est devant l’entrée de leur entreprise qu’ils doivent faire le pied de grue.
Pourtant, malgré quelques désagréments comme la pluie, le vent ou le froid, certains condamnés à fumer dehors n’y voient pas que des désavantages. Bien sûr, il y aura toujours des grincheux pour pester contre l’intolérance des adversaires du tabac. Bien sûr, il y aura toujours des petits malins qui voudront contourner la loi en cédant à leur péché mignon devant la fenêtre ou même aux toilettes, par pure flemme de se déplacer. Mais si j’en crois nombre de mes amis fumeurs qui me racontent leur adaptation plus ou moins réussie à cette nouvelle vie, il n’y aurait pas que des inconvénients à griller sa clope devant un pas-de-porte.

Grâce à une loi qui pousse régulièrement des hordes de fumeurs hors de leur bureau, il y aurait un côté convivial dans ces transhumances ponctuelles. D’abord, on recommence à se parler. Phénomène qui avait quasiment disparu dans une ville réputée pour développer les pratiques individualistes. Pour un peu, on se croirait sous l’arbre à palabres d’un village africain où l’on se raconterait les derniers potins de la boîte. En même temps, on a tout d’un coup accès à tout ce que l’immeuble compte de salariés fumeurs, alors que, jadis, on se contentait de se dire bonjour dans l’ascenseur. Du coup, la situation ouvre de nouveaux horizons aux célibataires en élargissant leur périmètre de chasse : il ne leur reste plus qu’à sortir leur périscope pour repérer une proie potentielle. Une proie avec laquelle on partage déjà une affinité de taille : celle de fumer !

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Bref, ces fumeurs de la nouvelle ère gagnent à tous les coups, même si beaucoup d’entre eux, ruminant colère et nicotine, refusent de voir les bienfaits de la loi antitabac. Cette dernière leur permet de veiller aussi sur leur santé, au propre comme au figuré. Celle de leur porte-monnaie, bien sûr, mais surtout celle de leur corps. Car la seule pensée de faire d’interminables allers-retours entre leur bureau et la rue décourage nombre de fumeurs. Certains ont déjà même noté une baisse significative de leur consommation depuis l’application de la loi.
Mais ne nous réjouissons pas trop vite. N’oublions pas que nous sommes en Gaule et qu’il y aura toujours des irréductibles pour contourner la réglementation. Ceux-là sont d’une espèce qui n’est certainement pas en voie d’extinction

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