Coup de balai capital

Pour faire face à l’état d’insalubrité de Nouakchott, la municipalité doit assainir ses comptes et sensibiliser la population à la préservation de l’environnement.

Publié le 27 février 2007 Lecture : 2 minutes.

Nouakchott est une ville jeune, elle a fêté son cinquantenaire le 13 février 2007. Expositions, débats et projections ont accompagné cet anniversaire. Un ouvrage, publié en juin 2006, lui a même été consacré. Nouakchott, capitale de la Mauritanie : 50 ans de défi (éditions Sépia) récolte le témoignage des Mauritaniens qui ont vu la ville surgir des sables, sous l’impulsion de son futur président, Mokhtar Ould Daddah. Désireux de s’éloigner du Sénégal et particulièrement de Saint-Louis, qui, pendant longtemps, servit de capitale à l’Afrique-Occidentale française (AOF), le chef de l’État décida de fonder, en 1958, une capitale ex nihilo, tirant ainsi un trait sur les deux villes initialement pressenties : Rosso ou Kaedi, toutes deux situées sur la rive droite du fleuve Sénégal. De même, pour prendre ses distances vis-à-vis du Maroc, suspect de visées expansionnistes à l’égard de la jeune république, il refusa de choisir le port de Nouadhibou, jugé trop proche du royaume chérifien.
Aujourd’hui, Nouakchott est une ville émergente qui change rapidement de visage. Les habitations y poussent comme des champignons. Les déchets s’y multiplient aussi. Décharges sauvages et montagnes d’ordures ont envahi certains quartiers de la ville. Les plus huppés comme les plus pauvres. L’avenue Gamal-Abdel-Nasser divise toujours la capitale en deux. Au Nord, les villas cossues contrastent avec les bidonvilles du Sud. Mais qu’il s’agisse de Tevrag-Zeina, le quartier chic des diplomates et des nouveaux riches, ou des médinas plus populaires, Nouakchott n’affiche un semblant de propreté qu’à l’occasion de la visite de personnalités de haut rang.
Tout nouveau président de la Communauté urbaine de Nouakchott (CUN), Ahmed Ould Hamza doit relever le défi du nettoyage de la capitale. En attendant, l’audit financier qu’il a commandé révèle que la CUN doit faire face à près de deux mois d’arriérés de salaires, soit près de 60 millions d’ouguiyas (178 500 euros). Dans l’hebdomadaire mauritanien La Tribune, il dénonce un personnel pléthorique de « 453 employés répertoriés » dont la présence – pour près de 90 % d’entre eux – n’est pas toujours « justifiée ».
Une fois que la situation financière et administrative de la CUN sera assainie, Hamza entend bien s’attaquer à l’état d’insalubrité préoccupant de la capitale. Homme de contacts et de réseaux, il garantit qu’il ne ménagera aucun effort pour « rendre Nouakchott plus propre ». Un accord a déjà été conclu avec une société française qui se chargera du ramassage des ordures, tandis que des équipes de nettoyage commencent à sillonner la ville. Par ailleurs, les foyers nouakchottois ont été sommés de placer une poubelle devant leur porte.
Le président de la CUN supervise également l’aménagement de plusieurs axes routiers de la ville. Outre l’installation des nouveaux feux et des panneaux de signalisation, la municipalité va procéder au pavage de quelques avenues et à l’aménagement de voies piétonnes aux alentours des marchés et des écoles. Mais cette politique d’urbanisme fait appel au sens civique de la population. Le manque de moyens financiers ne suffit pas à expliquer l’état d’insalubrité de la capitale. « Il y a un regrettable manque d’éducation chez les habitants, déplore Ibrahim Sow, inspecteur d’hygiène. Les Nouakchottois ne se rendent pas compte que des ordures laissées devant les portes affectent la vie de tout le monde. Ce n’est pas esthétique, mais, surtout, pas hygiénique. Et cela peut être à l’origine de maladies. »

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