Présidentielle en Algérie : le front du boycott s’élargit
Sans attendre le 4 mars, date limite du dépôt des candidatures, pour être fixé sur la décision de l’actuel président de la République de briguer ou non un cinquième mandat, le front du boycott du scrutin présidentiel du 18 avril s’élargit considérablement.
Ce matin , à l’ouverture des travaux du bureau politique du Parti des travailleurs (PT), sa secrétaire générale Louisa Hanoune a estimé qu’il ne fallait pas participer à l’élection présidentielle. « C’est mon avis personnel. Je vais l’exprimer et je vais le défendre devant le comité central de mon parti. » Et pour cause, elle pense que le contexte actuel est plus dangereux que la période qui a précédé les législatives de décembre 1991 : « des élections qui avaient l’odeur du sang et qui ont jeté le pays dans la guerre et le terrorisme », a-t-elle déclaré.
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Le climat dans lequel se prépare le prochain scrutin lui rappelle aussi la situation qui prévalait en Tunisie et en Égypte en 2010 : « Les systèmes en place avaient poussé le cynisme et l’arrogance à l’extrême. Ils avaient poussé les peuples dans leurs derniers retranchements. Ce qui a provoqué des soulèvements populaires. »
Le FFS, le RCD et le FJD également tentés
Le conseil national du Front des forces socialistes (FFS), réuni vendredi 25 janvier en session ordinaire, doit rendre publique en fin de journée la position de cette formation politique vis-à-vis de l’échéance électorale d’avril prochain. Mais avant même l’ouverture des travaux, des membres de l’instance présidentielle du FFS ont affirmé à Jeune Afrique que l’option de la non-participation du parti au scrutin présidentiel est déjà actée, précisant qu’il s’agira d’un boycott actif ponctué de meetings pour expliquer le pourquoi d’une telle position. Car, selon les mêmes interlocuteurs, « la présidentielle ne sera pas une élection, mais une mise en scène qui ne changera rien à la crise du système qui dure depuis l’indépendance du pays ».
Le boycott de la prochaine élection présidentielle est aussi la tendance dominante au sein du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Le conseil national, convoqué pour le 1er février prochain, entérinera cette option, affirment nos sources – pour qui participer au rendez-vous électoral mettrait le RCD en contradiction avec son analyse de la situation politique du pays. Le Front de la justice et du développement (FJD), présidé par Abdallah Djaballah, s’oriente également vers la même décision.
A contrario, les représentants de la mouvance islamiste, chacun à leur manière, ont validé le processus électoral
A contrario, les représentants de la mouvance islamiste, chacun à leur manière, ont validé le processus électoral. Ainsi, Amar Ghoul, président de Tajamou Amal el-Jazaïr (TAJ), et Ghouini Filali, secrétaire général du parti Islah, applaudissent l’idée d’un cinquième mandat du président sortant ; tandis qu’Abdelkader Bengrina, président du mouvement El-Bina, postule à la magistrature suprême, et Abderrazak Makri, président du Mouvement pour la société et la paix, n’écarte pas sa candidature.
Mouwatana a été le premier à dénoncer activement le cinquième mandat, à travers des rassemblements et des conférences de presse. Dès la convocation du corps électoral, ce mouvement a sommé les prétendants à la magistrature suprême de se retirer si le chef de l’État, 81 ans et amoindri depuis un accident vasculaire cérébral en 2013, persistait à vouloir se présenter.
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