Zouhair Mohamed el-Aoufir : « Objectif 2004 : transporter 100 000 passagers de plus. »

Publié le 26 janvier 2004 Lecture : 3 minutes.

Jeune Afrique/L’intelligent : Comment le ciel africain a-t-il évolué au cours de l’exercice écoulé ?
Zouhair Mohamed el-Aoufir : Franchement, il n’y a pas eu beaucoup de changements importants. La crise de 2001 est derrière nous. Ainsi, la demande est restée stable malgré les difficultés connues par certains pays sur le plan sécuritaire, et nous sommes optimistes pour 2004. Les six grandes compagnies du continent – South African Airways, Royal Air Maroc, Ethiopian Airlines, Kenya Airways, Egyptair et Tunisair – sont dans une phase de consolidation de leurs activités. De petites compagnies sont apparues, et les débuts semblent prometteurs pour certaines d’entre elles. Seule l’Afrique centrale continue à faire face à des difficultés en matière de transport aérien. Mais, là aussi, de nombreux projets sont à l’étude.
J.A.I. : Lors de la dernière assemblée de l’Afraa, à Tripoli, vos collègues semblaient encore plus optimistes…
Z.M.E.A. : Oui, car il y a indéniablement une prise de conscience. Chaque compagnie sait aujourd’hui que face à la puissance des grandes majors occidentales qui desservent notre zone, il est essentiel d’aller vers des alliances ou des partenariats pour se renforcer. Ces partenariats se feront dans un premier temps dans le domaine de la formation des personnels navigants, de la maintenance, voire de la mise en commun de ressources ou encore l’harmonisation de nos programmes de vols.
J.A.I. : Quels sont vos projets pour 2004 ?
Z.M.E.A. : Nous sommes en négociation avec des constructeurs pour prendre en location deux appareils neufs ou très récents. Outre l’Italie – nous allons bientôt desservir Milan -, nous comptons aussi nous renforcer dans la sous-région en desservant le Ghana et le Nigeria. L’objectif est de transporter, au minimum, 100 000 passagers de plus qu’en 2003.
J.A.I. : Vous vous êtes beaucoup plaint, ces derniers temps, du coût élevé des prestations aéroportuaires…
Z.M.E.A. : Songez que les tarifs pratiqués ici sont supérieurs à ceux pratiqués en Europe. Cela fausse la concurrence et fragilise des compagnies qui, c’est notre cas, sont en phase de consolidation. Les dirigeants de l’Asecna (voir encadré) doivent revenir à des barèmes de tarification plus adéquats et plus raisonnables.
J.A.I. : Reste le problème des infrastructures à l’aéroport international de Dakar, qui rendent difficile votre stratégie de plate-forme sous-régionale…
Z.M.E.A. : Nous avons effectivement connu ces dernières années une très forte croissance du trafic. Avec plus de 1,2 million de passagers, cet aéroport est presque saturé, et il n’est pas adapté à la stratégie de hub, car rien n’est prévu pour les passagers en transit. Nous sommes donc parmi les plus fervents supporteurs du futur aéroport international de N’Diass, qui figure parmi les grands chantiers du président Wade. Pour nous, comme du reste pour garantir le succès du plan de développement du tourisme au Sénégal, cet aéroport est une nécessité. À l’horizon 2010, il devrait permettre d’accueillir 5 millions de passagers, soit quatre fois plus qu’aujourd’hui. Je vous laisse évaluer les retombées pour l’économie sénégalaise.
J.A.I. : Pensez-vous que le « modèle » ASI puisse être transposé ailleurs en Afrique ?
Z.M.E.A. : Bien évidemment, mais il y a trois règles d’or à respecter. Il faut d’abord qu’un marché de base existe et que le pays hôte dispose d’infrastructures aéroportuaires opérationnelles. Il faut que les autorités du pays d’accueil jouent pleinement le jeu, laissent une totale liberté à l’opérateur, et se contentent d’assurer la sécurité et l’environnement réglementaires. Il faut enfin un partenaire stratégique de premier plan pour assurer le respect des standards techniques et garantir la qualité des prestations.

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