Yossi Beilin et Yasser Abed Rabbo

Négociateurs en chef de l’Accord de Genève.

Publié le 26 janvier 2004 Lecture : 3 minutes.

Thème central du Forum international Euro-Méditerranée qui s’est tenu à Paris, du 17 au
19 janvier, dans les locaux de l’UNESCO : « Le choc des civilisations n’aura pas lieu. » Parmi les personnalités qui ont pu s’exprimer au cours de ces trois jours de débat figuraient Yossi Beilin et Yasser Abed Rabbo, les deux négociateurs du plan de paix israélo-palestinien lancé le 1er décembre dernier à Genève (voir J.A.I. nos 2238 et 2239).
L’occasion pour eux de faire le point sur l’accueil réservé à leur texte par les opinions israélienne et palestinienne.

Jeune Afrique/L’intelligent : Où en est l’Accord de Genève, notamment en Israël et dans les Territoires, un mois et demi après sa publication ?
Yossi Beilin : Pour le gouvernement d’Ariel Sharon et plus particulièrement pour Sharon luimême, cet accord est insensé. Il est totalement contraire à son idéologie. Nous avons demandé à le rencontrer il y a déjà plusieurs mois pour lui expliquer les détails de ce texte. Mais nous n’avons pas été reçus. En revanche, nous avons été bien accueillis par la communauté internationale.
Je pense maintenant que la seule possibilité que nous avons de « forcer la porte » d’Ariel
Sharon est de passer par l’intermédiaire du parti Shinoui (laïque), qui détient quinze sièges à la Knesset et a un ministre dans l’actuel gouvernement. Une grande partie de notre démarche vis-àvis de l’opinion publique israélienne est relayée par ce parti, dont 46 % des partisans se sont prononcés en faveur de l’Accord de Genève et 45 % contre. C’est la seule ouverture que nous ayons actuellement.

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Yasser Abed Rabbo : La position de Yasser Arafat et des responsables de l’Autorité
palestinienne est globalement positive. Ils ont soutenu nos efforts et demandent que nous les poursuivions. Je trouve cela encourageant, bien que nous rencontrions aussi beaucoup de résistance, notamment de la part des dirigeants des groupes extrémistes, lesquels se sont toujours opposés aux efforts diplomatiques, depuis la conférence de Madrid jusqu’aux accords d’Oslo.
Par ailleurs, nous ne sommes pas satisfaits du maigre soutien politique que nous avons obtenu jusqu’à présent. C’est pourquoi nous souhaitons continuer notre travail avec les différents mouvements. Aussi avons-nous ouvert le dialogue avec plusieurs partis palestiniens et des organisations non gouvernementales.
La tendance générale va vers un soutien accru à l’Accord de Genève. Pas moins de 40 % des
Palestiniens nous ont manifesté leur approbation, en dépit d’une contre-propagande démagogique qui consiste à interpréter certains points du texte de façon très négative, en particulier concernant le statut des réfugiés.
Nous avons commencé une campagne d’explication. Elle vise à faire prendre conscience que cet accord est la solution la plus réaliste et la plus avancée pour garantir les droits des réfugiés. Les groupes qui nous contrecarrent n’ont pas de solution sérieuse à proposer. Nous le savons bien et c’est pourquoi nous n’hésitons pas à demander à ces personnes critiques d’expliquer leurs propres plans, s’ils en ont. À l’opinion publique ensuite de trancher.
C’est une expérience politique très large et une campagne de promotion sans limite que nous avons lancées. Nous savons qu’il y a des obstacles énormes devant nous, en particulier sur le terrain. La construction de la barrière de sécurité va empêcher les Palestiniens d’avoir un État viable et faire obstruction à tout futur processus politique sérieux. Peut-être est-ce le but poursuivi par ceux qui sont en sa faveur. Mais personne ne peut croire que l’érection d’un mur puisse garantir une quelconque sécurité. Il n’y a qu’une solution politique équitable qui puisse apporter la sécurité à Israël.

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