RDC : Félix Tshisekedi s’installe dans le bureau présidentiel
Joseph Kabila a cédé le vendredi 25 janvier le bureau présidentiel à son successeur Félix Tshisekedi, qui s’est aussitôt mis au travail sur le dossier des droits de l’Homme.
Joseph Kabila et Félix Tshisekedi se sont entretenus à huis clos pendant plus de deux heures, puis ont descendu ensemble les marches du bureau présidentiel. Ils se sont embrassés avant le départ de l’ex-président resté 18 ans au pouvoir.
Le nouvel homme fort de la République démocratique du Congo a nommé vendredi son directeur de campagne, Vital Kamerhe, au poste du directeur de cabinet du président de la République.
Interrogé par la presse, l’ancien opposant devenu président a rappelé sa promesse d’améliorer le respect des droits de l’Homme dans le pays.
« J’ai déjà programmé une réunion du Conseil supérieur de sécurité à laquelle je vais adjoindre les agences comme l’ANR (Agence nationale de renseignements) et l’une de mes première décisions » sera de fermer les cachots illégaux dans le pays, a-t-il déclaré. L’ANR est régulièrement accusée de détenir en secret des opposants pendant de longues périodes.
Jeudi, lors de son discours d’investiture, le président Tshisekedi avait promis d’œuvrer en faveur de la libération des prisonniers politiques.
« Le peuple d’abord »
« Le ministre de la Justice sera chargé de recenser tous les prisonniers politiques, d’opinion ou assimilés, sur l’ensemble du territoire national, en vue de leur prochaine libération », avait annoncé Félix Tshisekedi.
« L’intérêt des Congolais sera mon premier souci », a-t-il insisté vendredi, indiquant avoir été « touché » par le message de la population l’invitant à se souvenir du slogan de son père, l’opposant historique Étienne Tshisekedi : « Le peuple d’abord ! ». Fondateur de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Étienne Tshisekedi est décédé le 1er février 2017 à Bruxelles où son corps est encore gardé.
Le peuple d’abord « sera le fil conducteur de tout mon séjour à la présidence de la République », a assuré le nouveau président congolais.
Âgé de 55 ans, Félix Tshisekedi est le cinquième président de la RDC. Sa victoire à la présidentielle à un tour du 30 décembre est cependant contestée par un autre opposant, Martin Fayulu, qui a boycotté la cérémonie d’investiture. Ce dernier s’estime victime d’un accord entre Kabila et Tshisekedi, et revendique la victoire dans les urnes avec 60% des voix. Son recours a été rejeté par la Cour constitutionnelle.
Félix Tshisekedi devra cependant partager le pouvoir avec le camp de son prédécesseur qui a gardé la majorité des sièges à l’Assemblée nationale à l’issue des législatives organisées en même temps que la présidentielle.
« Coalition politique »
C’est parmi cette majorité que Félix Tshisekedi devra chercher son Premier ministre à partir de lundi, date prévue de la rentrée parlementaire.
Avant la présidentielle, il avait promis de nommer au poste de Premier ministre Vital Kamerhe, ancien président de l’Assemblée nationale de Kabila passé à l’opposition, qui avait accepté de se désister en sa faveur.
La coalition Cap pour le changement (Cach) du président Tshisekedi et la coalition pro-Kabila Front commun pour le Congo (FCC) ont signé un « accord de coalition politique », d’après un document parvenu à l’AFP.
L’accord prévoit que les ministères régaliens (Affaires étrangères, Défense, Intérieur) doivent « comme cela est de doctrine certaine, revenir à la famille politique du président élu ».
C’est la première transmission pacifique du pouvoir depuis l’indépendance de la RDC en 1960.
« La passation civilisée du pouvoir entre un président élu sortant et un président élu entrant » depuis l’indépendance, comme le répète la télévision d’État, est largement salué par les Congolais.
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