Zimbabwe : le gouvernement promet d’enquêter sur les accusations d’abus des forces de sécurité
Le gouvernement zimbabwéen a promis le 26 janvier de mener une enquête « approfondie » sur des accusations d’abus commis par les forces de sécurité pendant des manifestations antigouvernementales la semaine dernière.
« Le gouvernement souhaite assurer au peuple que toutes les accusations portant sur une mauvaise conduite de nos forces de sécurité feront l’objet d’une enquête approfondie et que la justice suivra son cours », a déclaré le ministre de la Justice, Ziyambi Ziyambi, dans un communiqué. Il a ajouté que les plaintes devaient être transmises à la police et qu’elles seraient traitées avec « sensibilité », mais de nombreux Zimbabwéens redoutent cette démarche par crainte de représailles.
Des manifestations ont éclaté la semaine dernière dans tout le Zimbabwe pour dénoncer l’augmentation de 150% des prix des carburants, qui a provoqué la colère d’une population épuisée par les pénuries d’essence, de nourriture et de médicaments.
Des rassemblements ont dégénéré, des magasins ont été pillés et les forces de sécurité ont riposté brutalement. Trois personnes ont été tuées selon les autorités. Des ONG avancent un bilan d’au moins 12 morts.
Plus de 1 100 personnes ont été arrêtées dont des responsables syndicaux, de nombreux partisans de l’opposition ou représentants de la société civile. Amnesty International a dénoncé ces arrestations, affirmant que même des enfants ont été « arbitrairement arrêtés ». L’ONG a fait état de civils enlevés, de femmes violées et de centaines d’arrestations.
« Des enfants n’ayant que onze ans ont été arrêtés sur la base d’accusations infondées », a déclaré Deprose Muchena, directeur d’Amnesty International pour l’Afrique australe dans un communiqué.
Une ligne de téléphone spéciale
Pour le directeur régional de l’ONG Human Rights Watch, Dewa Mavhinga, la promesse du gouvernement de mener une enquête « doit se traduire en actes, non en simples paroles, d’autant que les abus se poursuivent sans relâche ». « Le Zimbabwe a une longue histoire de cercles vicieux de violences cautionnées par l’Etat et qui restent impunies », a-t-il déclaré.
L’armée a mis en place une ligne de téléphone spéciale destinée à permettre aux victimes de dénoncer les mauvais traitements. Mais selon Dewa Mavhinga, « il sera très difficile » pour elles de l’utiliser « étant donné que les auteurs de ces crimes sont les forces de sécurité ».
Le ministre de l’Intérieur, Cain Mathema, a dit samedi dans un communiqué avoir pris note d’allégations selon lesquelles « des viols, des abus sexuels et des agressions sexuelles auraient été commis par les forces de sécurité » lors de la répression brutale des émeutes contre la hausse des prix des carburants.
Il a ajouté n’avoir reçu qu’un seul rapport jusqu’à présent, évoquant des images montrant des femmes qui affirmaient avoir été violées par les forces de sécurité. « Nous prenons ces allégations de viol très au sérieux et des enquêtes seront immédiatement ouvertes dès que les plaignants auront déposé leurs plaintes auprès de la police », a déclaré le ministre.
« Nous lançons donc un appel pressant à tous les citoyens du Zimbabwe pour qu’ils se manifestent et signalent à la police tous les cas d’abus sexuel, de viol ou de comportement répréhensible de la part des forces de sécurité », a-t-il ajouté.
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