Sauvons la famille africaine du sida

Publié le 27 janvier 2004 Lecture : 3 minutes.

Henry, un petit garçon frêle de 7 ans vivant en dehors de Lusaka, en Zambie, a survécu à ce que de nombreuses personnes décrivent maintenant comme un nouveau type de famine qui sévit sur tout le continent africain. Cette « famine » n’est pas la conséquence de la sécheresse, de la guerre ou de mauvaises récoltes ; elle est le résultat du sida. En 2002, l’épidémie a emporté les deux parents de Henry. À contrecoeur, l’une de ses tantes l’a pris sous son toit, mais l’a traité comme un paria. La plupart du temps, il ne recevait que très peu de nourriture voire pas du tout. Il était maintenu à l’écart de ses cousins, et sa tante ne le touchait qu’en portant des gants.
Le virus du sida touche une proportion importante des populations africaines. La famille traditionnelle mène un combat d’arrière-garde pour sa survie. D’après les estimations actuelles, plus de 14 millions d’enfants dans le monde entier ont perdu leur mère ou leurs deux parents à cause du sida. Plus de 80 % d’entre eux vivent en Afrique subsaharienne.
Non contente de détruire des familles, la maladie anéantit la production agricole. Les adultes, trop affaiblis pour travailler, abandonnent leurs terres. Les enfants, à qui l’on doit encore enseigner les techniques de culture, et les grands-parents, qui sont trop vieux ou trop invalides pour aider, doivent se débrouiller seuls et subvenir aux besoins de ceux dont ils ont la charge. Des enfants tout juste en mesure de garder les plus petits ont maintenant la charge de foyers, prennent soin de leurs plus jeunes frères et soeurs et s’efforcent de rapporter de quoi manger à la maison. Nombre d’entre eux n’ont pas le temps d’aller à l’école.

Dans les situations d’urgence alimentaire habituelles, l’aide provenant des autres pays est apportée pour combler les besoins jusqu’à ce que les conditions climatiques s’améliorent, que la pluie revienne ou que la paix soit rétablie. Avec ce nouveau type de fléau, l’avenir est malheureusement toujours plus sombre. Ses effets néfastes ne sont pas limités, ils se font sentir à travers toute la société, en gagnant tout doucement du terrain et en semant la mort après une décennie d’infection.
La crise liée au VIH-sida est peut-être moins perceptible que les famines que nous avons connues par le passé, mais la réalité est qu’en l’absence de solution médicale, elle persistera et continuera de couver.
Comment un pays comme le Mozambique, avec une superficie deux fois supérieure seulement à celle de l’État de Californie et un revenu par habitant d’à peine 220 dollars, pourra-il faire face à un million d’orphelins en 2006 ? Qu’adviendra-t-il de ces enfants qui ont perdu la possibilité de recevoir un enseignement ? Très probablement, ces enfants iront rejoindre en masse les villes déjà surpeuplées où, privés de la protection de leur famille, ils vivront dans la rue. Prêts à tout pour trouver de quoi manger. Beaucoup d’entre eux risquent de se livrer à des activités criminelles et d’adopter des comportements sexuels à risque pouvant mettre leur vie en danger, des situations qu’ils pourraient éviter en recevant dès aujourd’hui les soins et l’éducation qu’il se doit.

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La communauté internationale ne peut rester indifférente et regarder les familles africaines se désagréger. Il faut agir tant que les parents sont en vie et que les enfants sont confiants. Dans la ville de Chimoio, située au centre du Mozambique, quinze enfants perdent chaque jour leurs parents à cause du sida. Cependant, grâce à des vivres et à des fonds fournis par le Programme alimentaire des Nations unies (PAM), une organisation portant le nom de Kubatsirana (« S’aider les uns les autres ») réussit à changer le cours des choses. Les familles reçoivent une aide alimentaire leur permettant de satisfaire leurs besoins essentiels. Les parents, trop faibles pour travailler, n’ont pas à se préoccuper de trouver de quoi nourrir leur famille. Les enfants, qui, sans cette aide, seraient retirés de l’école pour subvenir aux besoins de la famille, peuvent poursuivre leurs études. Ainsi les familles restent unies le plus longtemps possible et les enfants ont une chance raisonnable d’avoir un avenir meilleur. C’est grâce à un tel « filet de protection » parrainé par le PAM en Zambie que le petit Henry de 7 ans a maintenant la chance de s’en sortir. En quittant une famille dans laquelle il n’était pas le bienvenu, Henry a été accueilli au Zambia Children’s New Life Center, en dehors de la capitale. En compagnie d’autres enfants âgés de 6 mois à 18 ans, il retrouve petit à petit les joies de l’enfance en se faisant des amis, en allant à l’école et en mangeant trois repas par jour.

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