Première africaine pour Gerhard Schröder

Publié le 26 janvier 2004 Lecture : 3 minutes.

Pour la première fois depuis son accession à la tête du gouvernement allemand, en 1997, le chancelier Gerhard Schröder vient de se rendre en Afrique. Sa tournée d’une semaine (18-24 janvier) l’a successivement conduit, non dans les anciennes colonies allemandes (Namibie, Togo, Cameroun), mais en Éthiopie, au Kenya, en Afrique du Sud et au Ghana.
Berlin a fait savoir que l’objectif de ce voyage était de resserrer les liens avec les pays engagés dans des réformes politiques et économiques, mais aussi dans la lutte contre l’insécurité internationale.
Les Allemands se veulent en effet très attachés aux principes de bonne gouvernance et de démocratie. Lesquels conditionnent largement l’attribution des appuis financiers prévus par les Accords de Cotonou entre l’Union européenne et les pays ACP (Afrique- Caraïbes-Pacifique). Cela explique-t-il l’absence du Cameroun et du Togo dans l’agenda du chancelier ?
Pour la Namibie, le cas est un peu différent. Trois mois après la visite de Joschka Fischer, son ministre des Affaires étrangères, à Windhoek, Schröder n’a pas jugé bon d’y faire escale, malgré le tollé suscité par cette décision. « C’est un camouflet ! » s’est indigné Kuaima Riruako, le chef de l’ethnie herero, qui considère que le chancelier a manqué une belle occasion de réconciliation. On sait qu’entre 1904 et 1917, l’effroyable répression menée par les forces coloniales du Reich fit entre 35 000 et 105 000 victimes chez les Hereros…
Professeur de sciences politiques à l’université de Trèves et vice-président de l’association Care Allemagne, Peter Molt est convaincu que le voyage de Schröder doit être envisagé sous l’angle des relations européennes et germano-américaines. Selon lui, le chancelier entendait montrer à ses partenaires français et américains que son pays assume désormais ses responsabilités internationales, tant en ce qui concerne l’aide au développement que la gestion des conflits. En 2003, les soldats allemands ont pour la première fois intégré un contingent européen, dans le cadre de l’opération Artémis en RD Congo. L’escale du chancelier au Ghana, où l’Allemagne a financé le Centre Kofi-Annan pour le maintien de la paix, témoigne de cette nouvelle volonté.
L’escale à Addis-Abeba avait pour but essentiel de favoriser la reprise du dialogue entre l’Éthiopie et l’Érythrée. Mais Schröder l’a mise à profit pour rencontrer Alpha Oumar Konaré, l’ancien chef de l’État malien aujourd’hui président de la Commission de l’Union africaine. Au Kenya, il s’est fait le porte-parole de la communauté internationale, particulièrement de l’Europe, pour souligner les efforts entrepris par le président Mwai Kibaki en vue de redresser l’économie du pays et de lutter contre la corruption. Alors que Berlin avait considérablement réduit son aide au gouvernement de Daniel arap Moi, le chancelier a promis une enveloppe de 50 millions d’euros pour 2004-2005.
En Afrique du Sud, la visite a pris un tour plus commercial. Le chancelier était accompagné d’une vingtaine de chefs d’entreprise, parmi lesquels Jürgen Schremp (Daimler-Chrysler) et Wolfgang Mayrhuber (Lufthansa). « L’Afrique subsaharienne représente moins de 1 % de nos échanges commerciaux, explique Peter Molt. Mais l’Afrique du Sud compte à elle seule pour la moitié. C’est le seul pays où nous ayons véritablement des intérêts économiques. »
L’Allemagne va donc poursuivre son appui financier au continent. Parce que cela fait partie, à ses yeux, de ses nouvelles obligations internationales. En 2002, son aide publique au développement s’est élevée à 261 millions d’euros, dont 30 % pour l’Afrique, pourcentage inchangé depuis une vingtaine d’années. Les secteurs prioritaires sont l’agriculture, l’environnement (la montée en puissance du parti des Verts y est pour beaucoup), l’assainissement et l’approvisionnement en eau.

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