L’union fait la force

Pour lutter à armes égales avec les compagnies occidentales, les avionneurs du continent doivent opérer des regroupements.

Publié le 26 janvier 2004 Lecture : 2 minutes.

« Le transport aérien en Afrique ne peut pas survivre à la concurrence internationale avec des compagnies de petite envergure. La consolidation et la création d’alliances sont une nécessité », a déclaré Christian Folly-Kossi le 9 décembre 2003. Le secrétaire général de l’Association des compagnies aériennes africaines (Afraa) concluait ainsi la trente-cinquième assemblée annuelle de l’Association, organisée à Tripoli à l’invitation des patrons de deux entreprises libyennes, Hussein Dabnoun (Libyan Arab Airlines) et Sabri Shadi Abdallah (Afriqiya Airways).
Depuis qu’il a pris la direction de cette structure, en mars 2000, Folly-Kossi, diplômé des Hautes Études commerciales (HEC) à Paris et ancien cadre d’Air Afrique, ne mâche pas ses mots. À 50 ans, il veut insuffler à l’Afraa, une association qui n’a jamais été dirigée par un francophone depuis sa création, en 1968, un nouveau dynamisme et du professionnalisme. Pour cela, il défend bec et ongles la libéralisation du ciel africain décidée en 1999 à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire, par les ministres du continent en charge de l’aviation civile, mais non exécutée à ce jour – et dénonce l’instabilité des sociétés publiques du secteur. D’après ses calculs, Ghana Airways aurait changé cinq fois de patron au cours des quatre dernières années, Nigeria Airways, Egyptair, Air Malawi, Air Mauritius, quatre fois. Trois changements seraient intervenus à Air Botswana, Air Mauritanie, Kenya Airways, Air Namibia, et deux à South African Airways, Royal Air Maroc et Tunisair…
Le secrétaire général de l’Afraa déplore également le manque d’alliances stratégiques entre les compagnies africaines, qui, ensemble, disposent de près de 600 avions et emploient quelque 93 000 personnes, autant que l’américaine United Airlines. Celle-ci transporte toutefois deux fois plus de passagers par an (75 millions).
Lors de la trente-cinquième assemblée générale, Folly-Kossi a reçu le soutien de Mouammar Kadhafi, qui a fait une intervention surprise lors de l’ouverture des travaux, le 8 décembre. Le leader libyen a lancé un appel à la création d’un ciel unique africain, de centres régionaux de maintenance et de formation des pilotes, de centrales d’achat pour les avions et les pièces de rechange. Il a, pour ce faire, annoncé que la Libye verserait la plus forte contribution financière au fonds Afifa que l’Afraa souhaite mettre sur pied pour aider les compagnies africaines à renouveler ou à renforcer leur flotte. L’assemblée de Tripoli a permis par ailleurs de souligner l’absence d’une composante « transport aérien » dans le programme du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad).
Longuement reçu par le « Guide suprême », Christian Folly-Kossi a développé son projet d’intégration du ciel africain : création de trois ou quatre pôles sous-régionaux de maintenance et de plusieurs hubs permettant de récupérer une grande partie du trafic intercontinental (de Casablanca, Dakar et Johannesburg vers l’Amérique du Nord ; du Caire, d’Addis-Abeba et de Nairobi vers l’Asie, par exemple). Pour examiner le chemin parcouru, rendez-vous est pris à Dakar, les 6 et 7 décembre 2004, à l’invitation de Zouhair Mohamed el-Aoufir, patron de la compagnie Air Sénégal International.

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