Le grand combat

Airbus et Boeing se livrent une bataille acharnée pour décrocher les commandes d’avions des compagnies africaines. Depuis peu, l’avantage est au consortium européen.

Publié le 26 janvier 2004 Lecture : 2 minutes.

Avec une partie de ses avions à bout de course, la flotte aérienne africaine est en cours de modernisation. Un véritable filon commercial pour les deux mastodontes aéronautiques que sont l’européen Airbus et l’américain Boeing.
Airbus prévoit ainsi que le parc aéronautique du continent sera remplacé à 80 % d’ici à 2020, ce qui promet de nouveaux contrats pour les constructeurs. Sans compter que le trafic aérien africain devrait fortement augmenter. Ainsi Airbus estime qu’il doublera au cours des quinze prochaines années. Boeing pronostique, pour sa part, une croissance du transport de l’ordre de 5,3 % par an jusqu’en 2025 sur un continent fort de 53 pays et de 800 millions d’usagers potentiels.
L’avionneur européen, qui vient, pour l’année 2003, de supplanter Boeing en termes de livraisons et d’accéder à la place de premier constructeur d’avions au monde pour la première fois de son existence, est décidément très optimiste. « Les chiffres parlent d’eux mêmes », précise-t-on au siège toulousain d’Airbus, dans le sud-ouest de la France. En 2003, le groupe paneuropéen a livré 60 appareils et a enregistré 101 commandes de la part de 14 compagnies africaines. Quelque 110 avions estampillés Airbus volent dans le ciel africain. Dès sa création (1970), ou presque, Airbus a acquis la confiance de plusieurs grosses compagnies du continent, telles que South African Airways, Egyptair, Air Afrique et Tunisair. Au début des années 1990, Air Mauritanie, séduit par le produit concurrent du Boeing 747, a rejoint ces aficionados de la première heure en devenant le premier client de l’hémisphère Sud de l’A-340. Royal Air Maroc (RAM) a résisté à la conquête du constructeur européen jusqu’en 2001, date à laquelle elle passe commande de quatre A-321.
En 2000, sentant la menace venir, l’avionneur américain de Seattle riposte à l’offensive d’Airbus en Afrique en annonçant la création de Boeing Africa, une antenne commerciale avec deux bureaux : en Afrique du Sud et au Ghana. Objectif : « conserver la suprématie de Boeing [existant depuis cinquante ans, NDLR] et retrouver une image positive auprès des gouvernements et des entreprises du continent ». En effet, Boeing, qui fait voler dans le ciel africain 400 appareils, a perdu des parts de marché au profit de son concurrent européen. Aujourd’hui, le parc d’avions américain n’est plus que quatre fois supérieur à celui d’Airbus, contre huit fois en 2002.
Mais les dirigeants de Boeing restent confiants en raison de la forte augmentation attendue du trafic aérien. Ils comptent vendre quelque 570 avions aux compagnies africaines d’ici à 2025. Valeur estimée de l’opération : 40 milliards de dollars. En aucun cas Boeing ne doute de sa réussite.
Pourtant, son bilan de l’année 2003 est assez faible comparé à celui du constructeur européen. Sur les 281 avions livrés de part le monde, sept Boeing seulement ont atterri en Afrique. Ethiopian Airlines et RAM en ont reçu deux chacune tandis que Kenya Airways, Eritrean Airlines et South African Airways ont chacune complété leur flotte avec un 737. Et les commandes enregistrées en 2003 ne promettent pas une embellie spectaculaire. Sur les 20 clients que compte le constructeur américain en Afrique, seules Eritrean Airlines et Air Algérie ont commandé des 737 : trois pour la compagnie maghrébine, et un seul pour celle de la Corne africaine. En dépit de ces résultats médiocres, le discours de Boeing reste inchangé : « Notre objectif est d’ouvrir de nouveaux marchés et donc de créer de nouvelles opportunités. » Un objectif qui est aussi celui d’Airbus. Bref, la bataille commerciale n’est pas près de se terminer.

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