L’appétit vient en mangeant

Mondialisation et progrès technique aidant, la classe des consommateurs de masse s’élargit. Notamment en Chine et en Inde.

Publié le 26 janvier 2004 Lecture : 2 minutes.

Cent quatre-vingt-cinq millions de litres de boissons gazeuses ingurgités en 2002, plus de 4,2 millions de tonnes de crevettes dévorées un an plus tôt, entre 4 000 et 5 000 milliards de sacs plastique produits en 2002, dont 100 milliards ont fini dans les poubelles américaines, plus de 1 demi-milliard d’ordinateurs personnels en service en 2002, contre 105 millions en 1988… Les chiffres analysés par les chercheurs du Worldwatch Institute dans son État du monde 2004(*) décrivent une société de consommation dopée par l’accélération de la mondialisation. La classe des « consommateurs globaux », définie comme celle des utilisateurs de téléviseur, de téléphone, d’Internet, et qui « partagent la culture et les idéaux véhiculés par ces produits », compte aujourd’hui 1,7 milliard de personnes.
Outre les pionniers, en Amérique et en Europe occidentale – 12 % de la population mondiale pour 60 % des dépenses totales de consommation privée -, il y a les nouveaux venus à la consommation de masse, comme les 240 millions de Chinois. « Si le Chinois ou l’Indien moyen consomme beaucoup moins que son homologue nord-américain ou européen, souligne Lisa Mastny, l’une des rédactrices du rapport, la Chine et l’Inde à elles seules abritent déjà une classe de consommateurs plus importante que celle de toute l’Europe occidentale. » Il y a enfin les « mange-petit », qui attendent leur tour : la part des ménages d’Asie du Sud et d’Afrique subsaharienne, un tiers de la population du globe, dans la consommation totale n’est que de 3,2 %.
« La hausse de la consommation a permis de satisfaire des besoins élémentaires et de créer des emplois, admet Christopher Flavin, président de Worldwatch, mais cet appétit sans précédent pour la consommation est en train de détruire les systèmes naturels dont nous dépendons tous et de compliquer la tâche des pays pauvres. » Rien n’indique en effet un ralentissement de la machine à consommer où ses dégâts sur l’environnement et le bien-être collectif sont déjà considérables. La taille moyenne des réfrigérateurs dans les foyers américains a, par exemple, augmenté de 10 % entre 1972 et 2001. Dans le même temps, l’obésité et la surcharge pondérale sont devenues une cause nationale (65 % des adultes sont concernés). Les analystes de Worldwatch ne manquent pas de rappeler que la consommation à tout crin ne suffit pas à garantir le bonheur : environ un tiers des Américains se déclarent « très heureux », la même proportion qu’en 1957, alors qu’ils étaient deux fois moins riches. De quoi réfléchir sérieusement à la suggestion de l’écrivain français Jules Renard : « Si l’argent ne fait pas le bonheur, rendez-le ! »

* State of the World 2004, Worldwatch Institute, janvier 2004, 245 pp.

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